Par Mohamed Ould Khattatt (mmkhattatt@hotmail.com)
Le Pouvoir et l’Opposition:
Les deux faces d’un même système
Outre son importance et le fait qu’il vient à point nommé, le débat sur le dialogue politique national organisé, en étroite collaboration avec le Syndicat des Journalistes Mauritaniens, dans la nuit de mercredi à jeudi derniers, par le Centre de Recherches et d’Etudes Humaines, sous le thème «Dialogue national: Les chances de réussite et les dangers d’échec», aura été apprécié à sa juste valeur comme étant une contribution non négligeable pour faire bouger les choses.
Car au-delà de l’absence remarquée des nombre de leaders des deux clans de la Coordination de l’Opposition Démocratique en faveur ou non d’un dialogue avec le Pouvoir via le Premier Ministre, la participation significative du président du RNDD-Tewassoul en personne, M. Mohamed Jemil Ould Mansour, ainsi que la brillante intervention du représentant du parti El Wiam, M. Idoumou Ould Abdi Ould Jiyid, auront sauvé la face face à des ténors de la Majorité qui semblaient avoir bien préparé ce qu’ils avaient à dire, qu’il s’agissent de Mohamed Yahya Ould Horma, Yahya Ould Ahmed El Waghf, El Khalil Ould Teyeb, Sid’Ahmed Ould Ahmed, etc.
Sans vouloir revenir en détail sur cette rencontre (voir Nouakchott info 2294), il convient de noter que deux moments fort avaient particulièrement marqué ces échanges parfois houleux.
Tout d’abord, l’intervention de l’ambassadeur (admis depuis peu à faire valoir ses droits à la retraite) et ancien ministre des Affaires étrangères Mohamed Vall Ould Bellal qui connaît sur les bouts des doigts la scène politique nationale pour l’avoir longtemps accompagné.
Ould Bellal notera en effet, qu’il n’y a jamais eu d’alternance politique entre deux présidents démocratiquement élus dans notre pays. Cela dénote, indiquera-t-il, d’une certaine fragilité de notre système politique lequel englobe à la fois le
Pouvoir et l’Opposition.
Cet échec patent de nos hommes politiques s’est doublement fait remarquer lors de la transition de 2007 lorsqu’ils n’ont pas su saisir l’opportunité pour faire élire l’une des figures politiques connues sur la scène nationale, laissant un homme absent du pays depuis plusieurs décennies, leur ravir la vedette, d’une part et d’autre part en se faisant damer le pion par des indépendants qui ont fini par maîtriser le Parlement.
De même poursuivra-t-il, que le fait de sous-estimer, de négliger l’opposition et de l’empêcher de s’épanouir, côté Pouvoir ou d’œuvrer au pourrissement et à l’aggravation de la situation, côté Opposition, n’avance à rien car et le Pouvoir et l’Opposition appartiennent à un seul et même système.
L’autre pertinente intervention aura été celle du député du parti El Wiam, M. El Ghassem Ould Bellali qui s’exprimait pour la première fois après sa sortie de prison.
El Ghassem soulignera d’emblée que le dialogue est doublement menacé à la fois par l’extrémisme qui existe dans l’Opposition et par celui encore plus grave et plus flagrant que l’on trouve chez la Majorité, notamment chez certains membres de son gouvernement dont le Ministre de l’Intérieur qui envoie en prison, malgré leur immunité parlementaire, dira-t-il, des députés tout juste parce qu’ils ont osé critiquer son manque de performance.
Un extrémisme chez la majorité dont il dira qu’il est également perceptible partout, citant l’exemple d’un officier de l’armée nommé wali au Tiris Zemmour et qui se serait permis de menacer des dirigeants syndicaux parce qu’ils ont décidé de faire défection au parti au pouvoir.
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