Par Mohamed Ould Khattatt (mmkhattatt@hotmail.com)
Dialogue politique national:
A défaut des grands, on s’offre les petits?
Une semaine jour pour jour après le grand oral du président Mohamed Ould Abdel Aziz, à l’occasion du deuxième anniversaire de son investiture à la tête du pays, c’est encore et toujours à la question «oui le dialogue mais comment et quand» que bute, le mois béni du ramadan aidant, la scène politique.
Et même si la Coordination de l’Opposition Démocratique qui s’était vue prise de court par les déclarations du Président ce soir-là, lequel affirmait être disposé au dialogue et à discuter de tout avec tous mais que certaines parties de l’opposition posent certaines conditions comme préalable à l’amorce de tout dialogue alors que ces conditions relèvent de sujets qui doivent justement faire l’objet du dialogue, force est de constater, que ce dialogue est voulu et recherché par toutes les tendances politiques qu’elles soient au Pouvoir, à l’Opposition ou flottantes.
Le hic est que tout le monde s’exprime mal pour faire accepter aux autres sa volonté de dialogue. Cela est d’autant plus vrai que sur ces «préalables» rejetés par le président Aziz, l’opposition elle-même n’y voie pas autant de mauvaise volonté qu’ils constitueraient un frein si véritablement le président de la république et sa majorité en veulent de ce dialogue.
Ainsi, répondant à notre question sur ces préalables, Lô Gourmo (UFP) trouvera-t-il la formule pour dédramatiser ces «préalables» évoqués par le président Aziz comme étant «pas plausibles, voire sont impertinentes»: «Pour nous, l’opposition, notre volonté de dialoguer est inébranlable. Il en va de la stabilité et de la paix dans ce pays et de l’ouverture de perspectives favorables pour notre pays de sortir de l’ambiance de morosité, voire de crise qui nous affecte. Nous n’avons jamais voulu faire un procès d’intention à l’égard de Ould Abdel Aziz ; car si nous avions voulu le faire on aurait dit d’emblée que nous ne voulons pas discuter avec un putschiste. Il n’y aurait jamais eu d’Accords de Dakar. On s’en serait tenus à une vison simple, que c’est un putschiste, il doit quitter le pouvoir ...»
L’UFP aura été le premier parti à réagir sur cette sortie médiatique du président Aziz pour dire qu’elle tient au dialogue et qu’elle reste convaincue qu’il faut y aller.
Réunis pour dépasser cette nouvelle polémique sur le dialogue qui semblait pourtant si proche de se réaliser après un échange de feuilles de route entre l’opposition et le président Aziz, la COD s’est tout simplement divisée en deux: un clan partant pour le dialogue avec le Premier Ministre pour voir avec lui les points de divergence entre les deux feuilles de route. Parmi ce clan, il y a Messaoud Ould Boulkheir (APP), de Boidiel Ould Houmeid (El Wiam), Mohamed Jemil Mansour (Tawassoul), Mahfoudh Ould Bettah (Convergence Nationale Démocratique).
Un autre clan plus exigeant pour ne pas dire plus radical voudrait que le dialogue soit avec le président Aziz, du fait que c’est à ce dernier qu’a été remis le document de la COD relatif à sa vision du dialogue. Ce clan des durs est constitué entre autres, d’Ahmed Ould Daddah (RFD), de Mohamed Ould Maouloud (UFP), de Abdel Ghoudouss Ould Abeidna (UNAD).
Cette fissure de la COD bloquera à elle seule le dialogue un bout de temps encore, même si chacun ne s’empêche de déclarer sa disponibilité au dialogue.
Le pouvoir qui n’a pas que la COD à gérer, profite du relâchement ramadanesque pour essayer de contenir les mouvements des jeunes, en particulier la «Coordination des jeunes du 25 février», reçue avec d’autres mercredi dernier. Et cette jeunesse d’affirmer que «le chef de l’État a confirmé qu’il ne cherchait pas en ces groupes de jeunes des soutiens à sa personne mais qu’il exhorte la jeunesse mauritanienne à œuvrer pour la construction nationale et à assumer ses responsabilités à l’égard de la nation. Il a aussi encouragé un «dialogue franc» entre ces groupes de jeunes qui sont issus de différents paysages politiques».
Comme quoi, en attendant que les grands se décident, on se joue les petits.
Cette manière habile de «mettre les petits plats dans les grands», sera-t-elle payante pour le président Aziz qui n’oublie pas, semble-t-il, que le printemps arabe est feu qui s’attise et qu’il vaut mieux être sûr de l’avoir éteint avant de s’en détourner ?
Selon une source du projet de parti en gestation «El-Assr», des dirigeants de cette structure se seraient réunis, en l’absence du président et de son secrétaire général dudit parti, dans la soirée du jeudi à vendredi, pour mettre en place un comité de crise chargé d’examiner la situation que traverse le projet actuellement. Un bouleversement en vue pour prendre le train en marche?
MOK
NB: article paru in Nouakchott Info N°2294 du 13/08/2011
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