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dimanche 10 juillet 2011

Méditons le proverbe turc, «les nuits sont enceintes et nul ne connaît le jour qui naîtra»

S’agit-il d’un phénomène passager ou du début d’une révolte visant à déboulonner des pouvoirs en place depuis plus de 20 ans ? Quoi qu’il en soit, une chose est sûre, en Tunisie et en Algérie, où les émeutes ont été violentes et meurtrières, ce sont les jeunes d’abord qui sont sortis dans les rues pour crier leur profond malaise avant que l’on entende « la mort vaut mieux que Ben Ali », « le troisième mandat de Bouteflika est de trop », etc.

Car, au départ était l’augmentation des prix des produits alimentaires de base mais très vite – et sans doute à cause de la violence des forces de l’ordre qui se sont vues opposer un « nous n’avons pas peur » par les manifestants – l’agitation sociale s’est amplifiée, pour devenir une véritable « intifada » et gagner rapidement différents secteurs socioprofessionnels.

La généralisation et l’accentuation de la crise feront, certes, dénoncer par les manifestants, la corruption à ciel ouvert qui sévit en Tunisie et en Algérie, mais elles révéleront que, comme disait l’autre, « le peuple est peut-être bête mais il connaît parfaitement bien ce qu’il veut ». Or qui veut, peut ! Et les manifestants ne semblent pas vouloir s’en arrêter là puisque les mesures prises ici et là, pour acheter la paix, ne semblent pas convaincre le mouvement contestataire qui veut maintenant plus : la liberté et la démocratie.

De quoi faire peur à d’autres dirigeants voisins, notamment le guide libyen (40 ans au pouvoir) qui vient de supprimer toutes les taxes sur les produits alimentaires, non sans oublier de voler au secours de son ami tunisien en décidant de faciliter la circulation et les activités des Tunisiens en Libye.

Il est vrai que la menace est moins sérieuse pour la Mauritanie où le pouvoir n’est en place que depuis peu, et où la lutte contre la corruption et la gabegie ont été un choix politique dès le départ avec arrestation et emprisonnement d’hommes d’affaires, de ministres.

N’empêche que les troubles sociaux en Tunisie et en Algérie ont inspiré l’opposition mauritanienne qui a haussé le ton et a décidé d’organiser jeudi prochain, une marche pour protester contre les hausses des prix qu’elle placera, a-t-elle dit, sous le slogan: « Halte à la faim ! Halte à la gabegie ».

C’est dire que la crise qui se propage dans le Maghreb est d’abord révélatrice d’un profond malaise né de l’absence de politiques économiques et sociales capables de limiter les impacts néfastes des crises internationales successives qui ajoute à la détérioration continue du pouvoir d’achat, la flambée ininterrompue des prix, le chômage des jeunes, le manque de liberté …

Ce sont également des troubles sociaux qui viennent souligner l’impérieuse nécessité pour les dirigeants maghrébins de prôner des mesures d’ouverture à l’endroit de leurs opposants, mais et surtout d’octroyer aux populations plus de liberté, plus de démocratie. Autrement, ils doivent méditer le proverbe turc qui dit que « les nuits sont enceintes et nul ne connaît le jour qui naîtra ».

Par Mohamed Ould Khattatt (article publié in Zawaya.magharebia.com)

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