Par Mohamed Ould Khattatt (mmkhattatt@hotmail.com)
Première partie
Khattatt à Paris, ce n’est pas une première. Mais Khattatt à Paris, pour une formation sur le journalisme Web au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ -international), 35 rue du Louvre, allez savoir ce que cela lui fait comme bonheur. Et pour un mois ! Et en juillet ! En plein défilé du 14 juillet! Et du Tour de France! Ho là, là, que du rêve !
Voilà, entre nous, qui m’a donné l’envie de prendre le risque (eh oui, c’en est un !) d’écrire des papiers de Paris, sur tout ce qui bouge en plein cœur parisien et que je m’en vais intituler, tout simplement: «Chronique parisienne». Mais rassurez-vous, je ne m’arrêterai pas seulement aux faits et gestes du chic boulevard du Montparnasse (6ème arrondissement) où j’habite, «135, Résidence Egide». Ou au trajet du métro de la ligne 4 «Vavin-Les Halles» que j’emprunte pour regagner le CFPJ, «35, rue du Louvre» au 2ème arrondissement en vue de démarrer, chaque jour, de lundi à vendredi, ma longue journée (9H-17H) de formation dite «Multimédias» pour être, en deux mots, journaliste bi-média.
C'est-à-dire, apprendre à me (nous) familiariser avec les outils multimédias du web: les fondamentaux de l’écriture et de l’écriture web, ceux de l’écriture radio et des sons sur Internet (reportages, témoignages, papiers, analyses, sons d’ambiance, diaporamas sonores, photos sonores, interviews, émissions, audioblogs, streaming, podcast, etc.). Non. Cette chronique parisienne s’intéressera aussi aux choses de la vie et aux quartiers périphériques que j’aurais visités, malgré mon emploi du temps bien chargé.
Ainsi, dès notre arrivée à l’aéroport Roissy Charles De Gaule, très tôt le matin du dimanche 3 juillet, mes deux confrères et compatriotes, Kissima de La Tribune et Eddou, d’El Vejr et moi, avons été accueillis par un chauffeur qui affichait mon nom sur une pancarte. Heureux que nous étions d’être si vite tombés entre de «bonnes mains», car la consigne était que nous ne quittons pas l’aéroport sans passer par le bureau Travelex, sis dans l’enceinte du Charles De Gaule pour récupérer nos indispensables bourses avant d’aller à notre lieu d’hébergement, nous nous mettons à dégager une grande chaleur humaine en saluons d’autres mauritaniens venus dans le cadre d’autres bourses du gouvernement français et étaient, comme nous, accueillis par Egide.
Accompagnés par ce chauffeur, nous nous rendons au bureau de Travelex où nous lui remettons, à sa demande, nos passeports, pressés que nous étions de savoir ce qui nous revenait comme pécule et de pouvoir, enfin, nous rendre à notre résidence, prier le Sobh et dormir. Car le sommeil nous guettait plus que la faim, le vol Nouakchott-Paris de presque 6 heures sans escale, nous ayant volé notre nuit. Aussi le souci d’avoir nos sous pour nous organiser avant le lendemain nous mettait-il la pression davantage puisqu’il s’agissait, pour moi au moins, de vite mettre chaque chose à sa place. Mais tout cela restera un vœu pieu, puisque Travelex finira par nous dire que nos dossiers de boursiers ne lui ont pas été transmis pour pouvoir nous payer. Sur ce, le chauffeur nous débarquer au 135, Boulevard du Montparnasse, se suffisant de s’assurer que quelqu’un était là nous pour nous recevoir, d’autres arrivants l’attendant déjà.
Fatigués, sans nos bourses dont on ignorait toujours le montant «net à percevoir» qui nous revient, mes deux compatriotes et moi entrons enfin au nouveau «chez nous». Ce que nous ne savons pas, c’est que l’on n’était pas au bout de nos peines, en poussant la porte d’entrée de la Résidence Egide, 135, boulevard du Montparnasse où nous sommes attendus depuis la veille sinon avant…
(A suivre ...)
Deuxième partie
A l’accueil de la résidence, un homme à la chevelure longue était assis devant un ordinateur et un standard téléphonique. Un stylo à la main et/ou une souris sous la main, un téléphone dans l’autre, il prenait notre sur un carnet.
Visiblement sympathique et très accueillant, il nous dit qu’il nous attendait, que nous sommes les bienvenus et qu’il répondait au nom de Benoit. Mais sans transition aucune, il précise que nos chambres ne sont pas encore faites par la femme de ménage qui viendra d’un moment à l’autre.
Puis, il nous suggère de laisser nos valises dans la conciergerie et de sortir faire un tour à pied ou prendre un café dans la salle de réunion de la résidence. Nous tentons de le convaincre que la fatigue nous en empêche et que nous souhaitons occuper nos chambres pour nous reposer. Il nous propose alors, avec bon cœur, pour ceux qui n’en peuvent plus de se tenir debout, de nous aménager la grande table de la conciergerie de sorte à pouvoir s’allonger dessus et se reposer en attendant que les chambres soient préparées.
Une consœur burundaise, boursière elle aussi, que nous avons laissée quelques instants plus tôt à l’aéroport, se joint à nous pour grossir le rang. C’est Emuline qu’elle se nomme, venue faire de la télé, comme Kissima qui l’aborde le premier à la différence qu’elle a perçu ses sous au Travelex de l’aéroport. Eddou et moi faisons à notre tour sa connaissance avant qu’elle ne commence à insister vouloir sa chambre pour se reposer, épuisée par près de 24h de vol.
Benoit, notre accueillant, tente de nous rassurer en nous disant que nous ne manquerons pas d’avoir nos bourses demain et que tout ira bien. Nous nous résignons alors à aller chercher quelque chose à manger en attendant que nos chambres soient, fin prêtes.
Une première balade sur le boulevard du Montparnasse dans un sens puis dans un autre qui nous fera prendre la droite dès notre sortie en direction de l’imposante Tour Montparnasse. Une paroisse, un parc vert, des toilettes publiques par-ci, deux ou trois cinémas, des cabines téléphoniques, des restos, des toilettes publiques, des bars américains, russes, beaucoup de commerces par-là. Un monde fou va dans tous les sens. Des motards, des automobilistes et des piétons aux visages fermés, sans le moindre sourire, plutôt méfiants voire stressés et pressés de traverser la rue qu’ils s’arrachent tirant des petites valises à roulettes et/ou pédalant à la vitesse de l’éclair leurs deux roues, s’esquivent sur un trottoir devenu plus étroit par ses commerces, ses restaurants, ses parkings souterrains et ses bouches de métro que d’autres, encore plus pressés, montent ou descendent.
Bref, pour en revenir à notre premier jour à Paris, cela ne s’est pas si mal terminé que cela car au retour de notre balade, quelques pains en mains, Benoit nous dit d’abord que nos chambres ne sont toujours pas prêtes et comme nous protestons sans trop lever la voix, il accepte de nous donner des chambres en attendant l’arrivée de l’employée de ménage. Il nous accompagne pour nous les livrer et nous montrer gentiment comment utiliser nos cartes magnétiques d’accès, valables également pour les portes d'entrée-sortie de la Résidence, la clim, la cuisine, le téléphone, etc.
Nous constaterons avec lui que les lits (en vérité des canapés convertibles) sont défaits et qu’il reste à changer, draps, couvre-lits, oreillers, serviettes. Mais, c’est déjà un studio complet par personne. Au premier étage Kissima, chambre N°13, Eddou au 5ème, chambre 52 et moi au 6ème, et avant dernier étage, chambre 63.
Lundi matin, Dominique Dislaire, une ancienne journaliste de télévision, devenue la responsable pédagogique du CFPJ, vient nous chercher à la Résidence pour faire connaissance et nous ramener au CFPJ. Elle s’étonnera de savoir que nous n’avons pas reçu nos bourses et s’empressera de nous expliquer que cela ne concerne pas le CFPJ mais plutôt Egide.
Dans l’après-midi et alors même que nous étions en plein cours sur les fondamentaux du journalisme Web, elle nous fait l’agréable surprise de nous ramener les documents nécessaires pour récupérer nos bourses non loin du CFPJ, plus exactement au bureau Travelex, sis en face de l’Opéra, à deux pas de l’AFP et de la Bourse de Paris.
(A suivre ...)
Troisième partie
Pour avoir été à New York, cette bougeotte parisienne permanente ne m’impressionnera pas outre mesure même si je me poserais la question de savoir si Paris n’était pas en train de vivre à l’américaine: tout le monde est dehors, tout le monde court après le temps pour le rattraper.
Tant et si bien que la vie de famille, synonyme d’équilibre, de complémentarité et de stabilité, semble presque être passée au second plan, voire n’existe presque plus ou n’est plus un souci pour ces milliers d’hommes et de femmes qui se baladent dans toutes les directions. Ceux qui ont encore quelques fractions de secondes pour exprimer un attachement amoureux, un souci pour leur âme sœur le font, bouche dans la bouche, scotchés l'un contre l'autre, sur le trottoir, dans le métro, sur un escalier roulant, au vu et au su de tout un monde qui fait semblant de ne pas les voir et poursuit son chemin. Et si ailleurs, cela offusque, ici cela rentre dans le domaine de la vie privée et ne concerne pas autrui. Sinon, c’est lui qui serait au mauvais endroit et au mauvais moment.
Paris, c’est aussi ce monde hyper connecté dont la vie est réglée à la minute près dans son mouvement incessant de va et vient. Qui à naviguer sur le Net pour retrouver, sur le site de la Ratp, l’itinéraire le plus rapide du bus, du métro, du RER, du tramway, ou un plan de quartier. Qui à envoyer un texto. Qui à régler une facture. Qui à demander à maman de lui pardonner d’avoir fait faux bond. Qui à prendre un RV. Qui à se soucier pour la météo, etc.
Paris est également un melting-pot qui impressionne, cependant, par le métissage longues files devant les pâtisseries, les boulangeries, par ses publics nombreux debout-assis sifflant leurs verres dans une brasserie, par ses couples, femmes-hommes, hommes-femmes, femmes-femmes, hommes-hommes, mangeant leurs plats chez un restaurateur, par ses passants fumant leurs cigarettes sur le trottoir, par ses clients de toutes les couleurs se bousculant en cette période des soldes dans les centres commerciaux des Galeries Lafayette de la tour du Montparnasse, des H&M, et la liste est longue.
Une semaine plus tard, le journal «le Parisien» titre en manchette du mercredi 13 juillet 2011: «Permis de conduire: 10 millions de points retirés en 2010». Cette statistique publiée par le ministère de l’intérieur français dans son rapport portant sur l’année 2010 est une première dans l’histoire du permis à points qui fêtera bientôt ses 20 ans. C’est du jamais vu en France depuis l’instauration, en juillet 1992, du permis à points qui offre aux automobilistes un capital de 12 points. J’en profiterai personnellement, le même jour au CFPJ, pour prendre le sujet comme exercice de «l’écriture bi-média» pour aller demander aux français, dictaphone et micro baladeur en main, ce qu’ils en pensent.
Bien évidemment les automobilistes se défendent en disant que ce retrait de points, «ce n’est pas toujours justifié et que parfois c’est très sévère parce que ce n’est pas du à un comportement de plus en plus dangereux des usagers de la route». Et de pousser le mécontentement jusqu’à déclarer «qu’il y a aussi une politique où on veut faire de l’argent aussi avec les points pour les stages de récupération, (et que) l’Etat a tout à gagner en étant sévère en mettant des restrictions plus lourdes pour les automobilistes alors qu’en final, il n’y a pas de gens qui conduisent plus mal qu’avant ou plus vite».
(A suivre ...)
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