Décidément la fissure de la majorité présidentielle n’est pas prête d’être colmatée. On connaissait la grogne venue de l’intérieur du plus grand parti de celle-ci, l’UPR (pourquoi à l’UPR rien ne va plus ou presque … paru dans Nouakchott Info n°2188 du 14/03/2011). Puis les rapports de plus en plus distants de l’AJD/MR et de ADIL avec la majorité -pour ne pas dire l’UPR- qui a englouti, sans les ménager, ni les considérer à leur juste valeur, les soutiens, furent-ils partis, mouvances ou initiatives politiques de soutiens au président Aziz. Une perturbation politique qui fait très mal pour l’UPR, obligé de fêter ses deux ans avant l’heure dans un souci de montrer qu’il peut encore rassembler du beau monde mais qui n’empêchera pas le coup de tonnerre politique créé par ces jeunes de la majorité soutenant le président Aziz qui sont en passe de créer un part auquel ils donnent déjà un nom («El-ASR», littéralement: génération) et qui en dit long sur le ‘’conflit politique de nos générations’’, sachant qu’ils prônent un renouvellement de la classe politique pour qu’elle soit à dominante jeune.
Les femmes s’en mêlent ou se démêlent …
Mais là où le bât blesse, c’est quand ce sont les incontrôlables, les incontournables femmes de la majorité présidentielle s’inventent un «Mountada Eddamir-al-haye» (littéralement «Forum de la conscience vive») pour se démarquer de cette majorité dirigée par l’UPR en tant que parti au pouvoir. Jalousie des femmes ? Ou plutôt ont-elles voulu prendre les devant au cas où la majorité présidentielle devenait une coquille vide si elle ne l’est déjà ?
Quoi qu’il en soit, elles ont osé ! S’en mêler et/ou s’en démêler de cette pagaille de la majorité présidentielle, les femmes de la majorité présidentielle y sont allées à leur manière, d’abord en se réunissant entre elles vendredi dernier sous les houlettes des quatre anciennes ministres de la Condition féminine que sont Siniya mint Sidi Haiba et Messaouda Mint Baham pour l’Upr, le parti au pouvoir et Fatimetou Mint Khattri et Zeinabou Mint Nehah pour Adil, ex-opposition, passé à la majorité pour devenir l’enfant terrible). Une série de rencontres qui a connu la participation d’importantes femmes politiques (membres du conseil national, responsables actives au niveau des sections de base du parti UPR, etc.). Mais aussi des rencontres qui allaient dans le sillage de cette intégration «contestée» du parti Adil à la majorité. Un parti Adil qui ne semble pas satisfait de la place qui lui a été réservé au sein de cette majorité avec laquelle ses rapports ne sont pas non plus des tendres, poussant parfois certaines de ces lourdes pointures à déclarer publiquement leur mécontentement, voire geler leurs activités au sein du parti et de la majorité. Mais cela concernait jusque-là les hommes dans le sens large du terme où il s’agit de parler pour tout le monde, hommes et femmes. A la différence de ce qui vient de se passer et se trame encore, car le compartiment de ces rencontres-discussions est, nous dit-on, réservé aux femmes UPR, ADIL et autres de la majorité présidentielle, elles qui se voyant de plus en marginalisées, moins écoutées, craignent, après le limogeage d’un groupe d’entre elles de postes aussi importants que le Ministère des affaires étrangères, l’ambassade de Mauritanie à Paris et le gouvernorat du Brakna, que cela ne soit pas une descente aux enfers avec pour objectif un recul pour de bon de leurs acquis (quota électoral, présence administrative et dans les centres de décision).
L’UPR se rebiffe
Mais du coup, dans ces réunions, le parti Adil qui cherche toujours une relation «équilibrée» avec le parti au Pouvoir, voulait réussir, par ses femmes, ce qu’il n’arrive pas à faire avancer par ses hommes, à savoir amener le Pouvoir à dialoguer avec l’opposition, en adoptant une stratégie de discours moins souple avec le gouvernement. Certes, les femmes de l’UPR ne se sont pas entendues avec les autres, sous prétexte que le discours emprunté par ce rassemblement féminin de la majorité et inspiré par Adil est très tendu, critique voire dangereux. Un discours qui voudrait bien que l’on accepte, au sommet du pouvoir, que l’unité nationale est menacée et qu’il faut pousser le gouvernement à prendre des mesures efficaces destinées à renforcer la cohésion sociale, que les conditions de vie des populations ne cessent de se détériorer à cause des hausses des prix et qu’il faut augmenter les salaires pour que le pouvoir d’achat du citoyen puisse lui permettre de tenir le coup, que la réforme du système éducatif doit être prise au sérieux pour répondre aux exigences du développement, de la modernisation de la société et de la protection des valeurs nationales, que l’administration et ses nominations doivent être dépolitisées, que des opportunités d’emploi pour les doivent être créées. De même qu’il faut mettre en place les conditions pour un dialogue franc et sincère avec tous les acteurs politiques en avançant des propositions concrètes pour aboutir à des solutions consensuelles sur les problèmes politiques, économiques et sociaux du pays.
En somme, un discours que tout le monde connaît mais qui ne passe pas et met en échec plusieurs semaines de rencontres-discussions. Comme ce fut le cas pour ceux des soutiens du président de la république qui croient en lui et en son projet de société, cadres compétents et jeunes ambitieux pour leur pays voulant changer les choses de l’intérieur-même de l’UPR, avaient fini par être tenus éloignés, les femmes du «Mountada Eddamir-al-haye» («Forum de la conscience vive») ont échoué. Et comme les jeunes qui ont été poussés vers la création d’un parti, ces fonceuses et battantes de la majorité ont décidé de se constituer en «Mountada Eddamir-al-haye» («Forum de la conscience vive») ouvert à toutes les femmes sans exception.
Dans une déclaration rendue publique samedi dernier, elles lancent un appel à la majorité, dans toute sa diversité pour assumer ses responsabilités dans cette conjoncture sensible de l’histoire du pays et pour que sa voix s’élève comme un acteur sage, actif et soucieux de l’intérêt national.
Reste à savoir, jusqu’où ira la majorité présidentielle dans ce ressemble à une désintégration certaine?
Mohamed Ould Khattatt (article publié le 23 mai 2011 in Nouakckott Info)
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