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mardi 7 février 2012

POTINS POLITIQUES

Par Mohamed Ould Khattatt
Rébellion au Mali, troubles au Sénégal: “Mon Dieu gardez-moi de mes amis, …


La Mauritanie a certes mis en place un cordon sécuritaire pour repousser voire contenir AQMI en territoire malien. Elle a également démontré à ses partenaires qu'elle échappe aux troubles des "printemps arabes" en amorçant un dialogue politique national important entre son Pouvoir et un pan non négligeable de son opposition. Tout cela est bien heureux mais la vérité est que nous ne sommes toujours pas sortis de l'auberge, deux ans et cinq mois après le retour une vie démocratique "normalisée".

Trop de chats à fouetter
Non seulement, l’autre partie de l’opposition ne croise pas les bras et s’active à faire bouger les choses, visiblement à tout prix, quitte à allumer le feu d’une révolte populaire qu’elle veut pour renverser le régime. Mais les conditions de vie des citoyens pour ne pas dire économiques du pays, malgré l’apparente politique de bonne gouvernance, la lutte contre la gabegie ainsi que la générosité des bailleurs de fonds européens, ou encore les chiffres record de la SNIM et de la douane et autres programmes de Solidarité et d’Espoir pour tenter de parer au plus près, les conditions de vie des citoyens, disions-nous, sont si intenables à cause des successives hausses des prix des denrées de premières nécessités et de carburant, qu’elles n’arrangent absolument pas les autorités de Nouakchott, dans le contexte actuel de la crise dans l’euro zone fortement ressentie en Mauritanie et de la menace très sérieuse d’une crise alimentaire dans le Sahel touchant près d’un million de nos chers concitoyens.

Et comme un malheur ne vient jamais seul, ce lourd climat intérieur ne va pas sans quelques autres soucis propres à la politique politicienne chez nous -diabolisation de l’opposition radicale oblige !-, lesquels se traduisent par des manifestations estudiantines et des envolées dans l’hémicycle du parlement transformé en lieu de meeting par les opposants les plus durs quand il s’agit d’interpeller le gouvernement sur des sujets comme l’enrôlement des populations, l’application des résultats du dialogue.

L’enfer, c’est les autres?
Amère vérité. Mais tout cela est peut-être jouable pour le pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz dont la détermination dans la lutte contre le terrorisme prime sur l’idéal démocratique et parce que n’ayant pas peur de ses autres adversaires politiques depuis qu’il s’est fait rallier un Messaoud et un Boidiel qui ne juraient que par sa chute.

Seulement, ce qui n’est pas jouable et qui risque d’être une catastrophe sans précédent, c’est de ne pas considérer à leur juste valeur ce qui se passe aujourd’hui au Mali et au Sénégal, deux grands voisins de la Mauritanie dont les populations n’hésiteront pas et n’auront pas de soucier à se faire héberger chez nous, comme c’est déjà le cas avec ce millier de personnes qui ont quitté la ville de Léré (nord-ouest du Mali) pour se réfugier à Fassala.

Une véritable guerre qui a éclaté au Mali où le retour de centaines d’hommes armés de Libye, essentiellement des Touareg, a accéléré la reprise de la rébellion dans le nord-malien pourtant à l’arrêt depuis 2009. Et puisque les populations de la région du nord Mali, qui est une vaste région quasi-désertique difficile à contrôler et qui sert depuis plusieurs années de sanctuaire aux combattants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), ne vivaient quasiment que des commerces de la ville de Léré laquelle a été vidée par les rebelles, les déplacements vers la Mauritanie, située à seulement une cinquantaine de kilomètres ne font que commencer.

Mais imaginons, à Dieu ne plaise, que le Sénégal où les heurts ont repris à Dakar et dans sa banlieue l’opposition appelant à la résistance, au lendemain de la validation de la candidature de Wade par le Conseil constitutionnel, les choses dérapent.

Cela est d’autant plus à craindre que la tension est montée d’un cran, que le discours des leaders du M23 s’est radicalisé avec l’appel «à la résistance active contre le coup d’Etat constitutionnel» d’Abdoulaye Wade.

C’est dire combien les autorités de Nouakchott, qui peuvent implorer le Ciel (Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge !"), ne doivent pas manquer d’anticiper la gestion de ces deux dossiers, en même temps qu’AQMI qui semble faire profil bas pour l’instant au Mali de crainte d’être accusée de soutenir les rebelles contre le régime finissant du président Toumani Touré. Pour combien de temps?
Mohamed Ould Khattatt

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