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mercredi 27 juillet 2011

MA CHRONIQUE PARISIENNE (8ème Partie)

Par Mohamed Ould Khattatt (mmkhattatt@hotmail.com)
8ème Partie
Mon flop, quant à lui, me tombera sur la tête quatre jours plus tard, plus exactement au deuxième cours de Marianne Rigaux, notre prof de diaporama sonore. Non seulement, notre jeune professeur de 25 ans, nous séduira tout de suite le premier jour en nous disant que le diapo sonore est le bon moyen d’accompagner un texte, mais qu’il est considéré comme plus fin et plus artistique qu’une vidéo (un texte, un bout de son, un texte, un diapo ...).

Et comme j’étais impressionné par ce que nous apprenons sur la photo (paramètres de vitesse et d’ouverture définissant la photo, paysage, portrait, plan en pied, en taille, coupé sous la poitrine, sous le menton, plan serré, très serré), j’avais hâte d’aller sur le terrain prendre des images.

Tout s’était tellement bien passé ce premier jour, que j’étais déterminé à faire mieux la prochaine fois. J’avais oublié le vieil adage : «ce n’est pas toujours dimanche». La prof nous remet Edirol et appareil photo pour faire des reportages individuels dans des lieux au choix. Je demande à faire le reportage le plus difficile, celui de la place des Halles.

L’exercice consistait à prendre des photos sur divers plans de la place des Halles et de trouver quelqu’un qui fasse un commentaire sur le lieu et les raisons de sa fréquentation du lieu. Je tombe d’abord sur un indonésien en train de manger un sandwich. Il accepte volontiers de me servir de cobaye et même de me laisser le photographier en mangeant et buvant.

Le malheur était que l’enregistrement de sa voix ne me réussit pas. Alors, je déniche un agent de la Mairie de Paris qui m’explique tout sur la place des Halles mais refuse de se faire enregistrer la voix et d’être photographié. Ce qui est synonyme de temps perdu, les informations ne pouvant être utilisées pour le diapo du reportage. Je me rabattrais sur un visiteur venu prendre du plaisir en lisant un livre. Il accepte de me donner sa voix. J’enregistre et m’en vais tout heureux d’avoir un son à coller aux images.

Je rentre au CFPJ aux alentours de 14H. La prof était là. Elle m’encourage à commencer par «Audacity» pour exporter le son avant de choisir les 15 images qui présentent le mieux la place des Halles. Plus d’heure après mon arrivée, j’avais bien de la peine à «mettre au propre» la voix de mon seul interviewé dont l’élément ne doit pas dépasser 1mn30. J’en sors moins d’une minute de son et appelle Marianne pour valider. Elle écoute religieusement le son fini, puis l’original. Sans m’adresser la parole, elle demande à Nabila de venir écouter le bout de son que j’ai réalisé. Nabila me dit que ma voix est dans l’enregistrement avec celle de l’interviewé. C’est ce qu’attendait la prof pour se défouler sur moi. «Tu ne le laisses même pas parler. On entend que toi …».

Tombé des nus, je demande quoi faire. Elle me suggère d’écrire un court texte sur la place des Halles que je connais désormais bien et de m’enregistrer pour en faire le bout de son. «C’est la seule solution. Ce n’est pas ce que j’ai demandé mais c’est un style tout à fait bon et qui se fait très souvent pour le diaporama sonore. Sinon c’est raté.» Je résiste à la charge et dis: «je repars sur la place des Halles faire de la voix avec quelqu’un d’autre». «On a encore une heure avant la descente et si tu vas y aller, ce sera limite, limite.» Je prends mon Edirol et retourne la place des Halles où je déniche un cinéaste qui lit un livre, puis trois visiteurs (deux hommes et une femme). Tous me donnent du son et je rebrousse chemin en écoutant les conversations.

Quelqu’un crie «Monsieur Khattatt ! Monsieur Khattatt !» Je lève la tête. C’est Dominique Dislaire, la responsable pédagogique du CFPJ, arborant des grosses lunettes rouges et esquissant un beau sourire. Je ne peux m’empêcher de, rapidement, remarquer sa beauté, mais ne le lui dis pas préférant faire le martyr et chercher une consolation bien qu’elle soit ce jour-là en vacances. Je me plains: «Je suis en reportage pour la deuxième fois de la journée. Marianne m’a tiré les oreilles pour un enregistrement-son raté.» Elle rit et mord à l’hameçon: «Oui, mais tu apprends ! C’est bien. Je serai parmi vous demain.»

De retour au CFPJ, Marianne se met à la tâche avec moi pour faire l’Audacity, me félicite pour la qualité du nouveau son. Puis je fais le tri de mes photos, le diapo sonore et la boucle est enfin bouclée.
(A suivre …)

mardi 26 juillet 2011

MA CHRONIQUE PARISIENNE (7ème Partie)

Par Mohamed Ould Khattatt (mmmkhattatt@hotmail.com)
7ème partie
La fin de notre première semaine de formation au CFPJ coïncidait, pour moi, avec un workpress de Magharebia à Porte de Clichy, programmé depuis plusieurs mois, pour le vendredi 8 et samedi 9 juillet 2011. Le jeudi soir j’appelle Soumia, ma cheftaine à Magharebia pour lui faire comprendre qu’il me sera impossible d’être parmi le groupe avant 13H et seulement pour une demie heure, mais que je serai avec eux tout le samedi.

Elle tente de me forcer la main pour venir à 8H, quitte à repartir à 9H, sous prétexte que Foily, Bakari, Jemal sont absents et que seul Mohamed Ould Khayar est là. Mais je lui dis que je ne peux pas jouer avec le feu. Elle insiste. Je résiste. Pourtant j’avais déjà soufflé à l’oreille de Dominique que je dois être à un rendez-vous très, très important pour moi, le samedi matin 8 juillet. Elle m’avait alors déconseillé de sécher un cours non sans me suggérer de voir avec mon formateur du jour, si ce n’est pas pour un long moment.

Fort heureusement, j’avais Mila Rivault ce 8 juillet. Certes, son module («Créer un blog») qu’elle nous enseignait n’était pas du genre à rater, surtout pour moi qui m’y passionnais. Je lui explique alors que je dois aller à la Porte de Clichy à la pause déjeuner et que si je peux être libre à 12H au lieu de 12H30, ce serait bien gentil à elle. L’ambiance bon enfant qui régnait en classe m’était si favorable que Mila finira la première partie de la journée un peu avant 12H30.

La course contre la montre pouvait commencer alors pour moi. Je me faufile entre la rue d’Aboukir et celle de la Banque pour me retrouver au métro de la Bourse où je prends la ligne 3, direction Pont de Levallois-Becon jusqu’à Saint-Lazare.

Là, je change de correspondance pour emprunter la ligne 13, direction Asnieres-Gennevilliers Les Courtilles jusqu’à Porte de Clichy. Le tout me prend 23 mn au chrono de la Ratp. J’en ferai bien plus entre la Porte de Clichy et l’hôtel Ibis où je dois retrouver mes amis de Magharebia, mais j’y réussi. Tout le monde, contributeurs et responsables, étaient à table entrain de manger.

A ma vue, ce sera le tollé général d’une joie indescriptible, exprimée par mes amis marocains, algériens, tunisiens et mauritanien. Soumia vient m’enlacer, me serrer fort et me faire la bise. Les salamalecs se suivent avec la même chaleur et j’avance vers les patrons qui ont changé entre temps de patronne depuis notre dernier workshop de Tunis. Soumia m’invite à me joindre à eux pour manger. Je me sers une entrée avant le plat de résistance.

Finie la bouffe je fais signe à Soumia en me levant et elle vient à moi. Je lui dis que je dois me faufiler mais que je reviendrais après 18H. Elle me demande si elle me réserve une chambre d’hôtel au cas où je voudrais dormir et rester avec eux jusqu’à dimanche. Je dis que ce n’est pas nécessaire puisque je suis hébergé ailleurs. Mohamed Ould Khayar m’accompagne pour fumer dehors et j’en profite pour reprendre ma course contre la montre vers le CFPJ. J’y serais à temps.

Samedi étant ma journée de repos hebdomadaire, je serai à l’heure au workpress pour faire la connaissance de la sympathique Rajae dont la voix m’est familière depuis plus d’un an déjà mais que je n’avais jamais vue de mes propres yeux. Toute une histoire. Et une belle !

Côté CFPJ, notre deuxième semaine de formation connaîtra, pour moi, un top et un flop. Le top sera avec Eric, lors de notre cours sur la radio avec l’enregistrement, le commentaire et le direct, sachant que dans quelques années, voire quelques mois, on passera de la radio analogique à la radio numérique (Internet).

L’exercice de ce jour-là était de choisir un sujet que le prof acceptera avant d’aller sur le terrain faire le micro-trottoir avec un Edirol (un dictaphone) et un micro-baladeur et revenir écrire l’article dont les commentaires doivent être enrichis par la voix des interviewés. Le tout durant la pause de 12H30-14H.

Pour une fois, je serai imbattable. Mon sujet sur les 10 millions de points retirés aux usagers de la route étant approuvé, j’en écris le titre et le châpo d’abord et m’en vais chercher des automobilistes pour avoir leurs avis. Sans tarder, je réussis à avoir deux automobilistes qui acceptent volontiers de se confier à moi. Je laisse tomber alors le déjeuner et reviens au CFPJ transcrire les voix que je copie sur mon ordinateur.

Eric, qui nous avait accordé 30mn après la pause pour colmater nos brèches, vient à l’heure pile et demande aux uns et aux autres d’écrire leurs textes et de copier leurs voix sur leurs ordinateurs. J’attends qu’il eût fini de donner ses instructions, pour me lever récupérer mon texte imprimé et le lui remettre en disant fièrement: «Pour moi, c’est déjà fini».

Mes collègues n’en reviennent pas. Eric passe au crible mon papier et y apporte une ou deux remarques sans le toucher dans le fond. Tout juste, me suggérera-t-il un meilleur choix des intertitres. Et comme pour aller plus vite avec moi, il m’initie, pendant que les autres se tordent les cous à finir vite, à «Audacity», le logiciel grâce auquel on importe les voix, les sélectionne, traite, corrige, entrecoupe, supprime et met en WAV pour en faire des pastilles enrichissant le texte.
(A suivre …)

MA CHRONIQUE PARISIENNE (6ème Partie)

Par Mohamed Ould Khattatt (mmkhattatt@hotmail.com)
6ème Partie

Depuis notre tour à Château Rouge où nous avons fait le plein de viande Halal chez une boucherie tenue, à la bouche du métro, par des maghrébins, nous n’avons cessé d’y revenir ou d’aller à Barbès, juste après nos cours, comme pour nous retrouver dans un climat non seulement bien africain mais aussi bien de notre «marché tieb-tiaba» nouakchottois.

Dans l’un comme dans l’autre de ces quartiers, c’est à un public africain et maghrébin que nous nous frottons. Qui nous proposant un grand plat de riz garni d’un demi poulet et d’une salade pour deux à 7 Euros contre un petit plat de riz garni d’une cuisse de poulet pour une personne à 7 Euros à Montparnasse. Qui nous proposant une puce téléphonique à 5 Euro au lieu de 15 Euro à Montparnasse, deux paquets de Marlboro à 5 euros au lieu de 1 paquet à 5,90 Euros à Montparnasse, un décodage de téléphone à 5 Euros à Barbès au lieu de 100 Euros chez le revendeur ou 20 Euros chez une boutique de décodage à Montparnasse, des chaussures à 49,90 Euros en seconde démarque à Montparnasse contre 30 ou 20 Euros à Barbès, et la liste est longue. Des prix à donner le vertige ici, d’autres à faire rêver par là. Mais attention à la qualité qui fait différence.

Avant de roupiller, cette nuit de samedi à dimanche, je zappe car l’actualité, marquée ces jours-ci encore par le défilé du 14 juillet et les empoignades politiques qui l’on suivi, le Tour de France et ses 12 millions de fans, les vacances avec leurs 300 km de bouchons et un pic de circulation qui a été atteint, samedi dernier, 515 kilomètres de ralentissements, dont 130 en Rhône-Alpes. Et c’est bien la guerre des mots des politiques qui l’emporte.

En effet, le Premier ministre François Fillon vient de s’en prendre à la bi-nationalité de Mme Eva Joly, une ex-magistrate franco-norvégienne à peine intronisée candidate d’Europe Ecologie-Les Verts pour la présidentielle française de 2012 parce qu’elle a proposé de supprimer le défilé militaire du 14 juillet et de le remplacer par «un défilé citoyen».

Fillon qui était à Abidjan s’exprima ainsi: «Je pense que cette dame n'a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l’histoire française». Une phrase qui indigne à Gauche et qui embarrasse, un peu, à Droite. Sans tarder, la candidate écologiste riposte: «Moi je ne descends pas de mon drakkar ! Ca fait cinquante ans que je vis en France et donc je suis Française», qui ajoute avoir, vu son âge (67 ans), «vécu en France sûrement plus longtemps que lui.»

Et comme la maladresse du Premier ministre a relancé le débat de l’intégration, la Gauche n’hésite pas à faire bloc derrière Eva Joly. Des propos inadmissibles et honteux pour Martine Aubry, qui déclare: «C’est une honte quand on est Premier ministre de faire une distinction entre les Français qui sont nés en France et ceux qui n’y seraient pas nés».

Face aux nombreux soutiens, surtout à gauche, obtenus par Eva Joly, la droite ne démord pas. Le député UMP Guy Teissier, président de la Commission de la Défense à l’Assemblée nationale, a taxé la candidate écologiste d’«anti-France». Il l’a accusé de vouloir une «société sans mémoire» et de faire preuve de «naïveté absurde».

Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, y voit un mépris «du lien unique construit entre les Français et leur armée» au moment où les soldats français sont engagés en Afghanistan et en Libye.

Ces querelles politiques feront oublier aux français la défaite, la veille du 14 juillet devant les américaines (3-1), de leurs footballeuses (les Bleues, comme ils aiment les aduler), en demi-finale de la coupe du monde féminine.

Pourtant, les Bleues sont dans le dernier carré pour la première fois mais arrivées au pied de la montagne, 13 ans, presque jour pour jour, après le sacre de la bande à Zidane, le rêve de finale s’envole. C’est bien triste mais elles restent des pionnières ! Et elles seront vengées, le dimanche d’après, par les japonaises qui viendront à bout des américaines aux tirs de pénalty et remporteront la coupe.
(A suivre …)

lundi 25 juillet 2011

MA CHRONIQUE PARISIENNE (5ème Partie)

Par Mohamed Ould Khattatt (mmkhattatt@hotmail.com)

Finis les cours dans l’après-midi, le retour à la Résidence, au Boulevard du Montparnasse nous plongeait, du moins nos trois ou quatre premiers jours, dans une autre réalité: celle du casse-tête chinois qu’était pour nous la bouffe, car nous n’étions toujours pas organisés en matière de repas.

Non seulement au boulevard Montparnasse manger moins cher coûte déjà cher (entre 7 et 13 euros) alors que nous n’avons qu’une maigre bourse d'à peine 600 euros pour subsister jusqu’au 30 juillet, mais manger «halal» n’est pas au premier coin de rue.

N’eût été les cousins de Kissima qui nous ont tantôt apporté de savoureux plats bien mauritaniens et conseillé de faire un tour à Château rouge pour acheter notre ration de viande, nos sous auraient fondu entre les restos pakistanais, les épiceries U, Dia et autres Monoprix sans compter les centres commerciaux de Lafayette et de TATI, à Barbès.

Depuis lors, Eddou se charge de la cuisine et lorsqu’il fait sa grosse tête de jeune garçon de 25 ans -et c’est normal à son âge- c’est Kissima qui s’en charge avec brio, propreté et bonne volonté. Le pauvre Khattatt que je suis apprendra de ce dernier à faire une omelette. Un soir de grande faim, j'épuiserai mon crédit téléphonique en appelant Madame à Nouakchott, pour me dire comment cuire une cuisse de poulet.

Mais après une semaine, cela semble aller comme sur des roulettes, mon ami, Mouka, de son vrai Boubacar Sy, m’apportant des ustensiles de thé complets (thé vert et menthe compris), avant de m’inviter chez lui à Torcy, en banlieue, à quelques 25 km de Paris. Là-bas, Aminata, sa formidable épouse venue du Sénégal, nous improvisera un dîner familial des plus délicieux que j’ai jamais mangé ici, avec salade, poulet rôti, entrée et sortie et boissons à gogo.

Je ne quitterai la maison, un peu tard c’est vrai sous la pluie, qu’après avoir dévoilé, à leur fiston de 5ans, sous les yeux amusés de sa maman, mon jeu d’enfant préféré des deux mains qui se croisent en saisissant l’une le nez et l’autre l’oreille. Mouka me raccompagne à la gare pour prendre le RER jusqu’à Chatelet les Halles où j’embarque dans le métro, ligne 4 pour Montparnasse. Il ne dormira pas sans m’avoir au téléphone pour s’assurer que je suis bien arrivé, malgré un «sms» affirmatif de ma part. C’est cela aussi les amis.

Il avait raison d’abord du souci pour moi, car le retour exigeait de moi, d’emprunter le RER depuis Noisiel jusqu’à Nation ou Chatelet où je prendrai le métro. Et comme je le faisais pour la première fois et à une heure tardive (après 23H30), le risque de m’égarer dans une gare ou une autre n’était pas zéro.

Il m’a fallu d’ailleurs m’accrocher à une jeune informaticienne noire rencontrée à la station de Noisiel en partance pour Saint Germain-en-Laye et qui descendait donc à la Défense, bien après moi. L’ayant entendu à l’arrêt du bus parler wolof avec une autre qui la raccompagnait, j’avais osé, une fois à la gare du RER, l’aborder en wolof pour gagner sa confiance, l’amenant ainsi à esquisser un sourire avant de l’aider, on ne peut plus galamment, à porter son bagage.

Une longue conversation s’engagea entre nous pour tuer le temps. J’en saurai qu’elle est informaticienne, travaille pour l’institut national de recherche en informatique et ne connait que peu de repos, s’efforçant de ne point quitter chez elle le dimanche. Je lui dis que nos métiers se rejoignent, le journalisme ne pouvant se passer de l’Internet et des nouvelles technologies. Elle prend un livre comme pour s’y réfugier puis le remet à sa place et m’interroge sur le CFPJ.

Je survole le sujet pour sortir ma solitude à Montparnasse que j’accuse de respirer la bourgeoisie et l’oisiveté. Elle m’informe que Saint Germain en-Laye est encore plus beau et plus bourgeois. Je réplique que je n’en sais rien mais que j’y viendrai si c’est une invitation. Son sourire dira le reste mais j’étais déjà arrivé à Chatelet, l’arrêt de nation m’ayant échappé. On se quitte sans décliner nos identités. Elle me dit au revoir, je réponds à Dieu. Elle rajoute «on peut toujours se rencontrer». Je concède avec un grand sourire: «c’est vrai, le monde est petit». Puis, je fonds dans la masse.
(A suivre …)

vendredi 22 juillet 2011

MA CHRONIQUE PARISIENNE (4ème Partie)

Par Mohamed Ould Khattatt (mmkhattatt@hotmail.com)
4ème partie


Au CFPJ, nous étions cinq journalistes (deux filles et trois garçons) dans cette session de formation Multimédias: deux mauritaniens (Mohamed Ould Khattatt et Mohameden Ould Mohamedou dit Eddou), une marocaine (Nabila Kilani, ex-animatrice de la Star-Ac maghrébine à la beauté dévastatrice comme ça se sent et ça s’entend), une congolaise (Ifrikia Kengue, journaliste free-lance, rieuse et rêveuse) et un burkinabé (Ben Youssouf, un intègre fort bâti qui m’a vite collé le sobriquet de «koro» m’expliquant que c’est comme cela qu’on exprime, chez lui, le respect pour les aînés). Kissima, lui, est dans la formation télé avec plein de monde dont je connais la burundaise Emuline, la libanaise Sana, la moldave Maria et une ou deux autres personnes.

Il faut dire qu’au CFPJ, c’est «tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil». De même que l’ambiance est vraiment très studieuse avec des profs payés à la tâche, parfois là pour seulement une journée, comme ce fut le cas pour Bruno Anatrella, notre prof de Droit de la presse, du Droit à l’image et du droit de la propriété intellectuelle qui ne finira pas comme il le veut ce dernier module du droit d’auteur.

On comprend mieux ainsi pourquoi ils sont très pointilleux sur les horaires, les cours, les 5-10 minutes de pause café et les 1H30-2H de pause déjeuner. Mais le tout avec le sourire et un style pédagogique bien étudié: on se présente, on se tutoie, on échange, on rigole, on frise l’amitié mais on n’oublie pas que l’heure c’est l’heure.

Au troisième jour de nos études, je n’avais toujours pas encore réussi à me procurer un «Passe Navigo», à 67 euros pour les deux zones 1 et 2 de Paris. «Passe Navigo» qui m’évitera de payer à chaque fois que je veux emprunter bus, métro, RER ou tramway. Je m’arrête à «Les Halles» pour le faire. La caissière me regarde comme éblouie et dit en me tutoyant: «C’est fou ce que tu ressembles à mon beau-père et pour de vrai ! Tu en es le sosie tout craché ! Pour le passe Navigo, c’est vraiment dommage, je n’en ai plus un seul depuis tout de suite, mais vous pouvez en payer à Vavin. Demain, j’en aurai mais je ne sais pas à quelle heure le matin. C’est sûr j’en aurai demain.» Kissima qui a de la suite dans les idées la rassure: «Puisqu’il ressemble à s’y méprendre à ton beau-père, nous reviendrons demain.»

Plus tard, j’apprendrai - de confidence féminine - que c’est une drague à la française. Quoi qu’il en soit, je ne la reverrai pas parce que le lendemain, je m’attarde à faire ce précieux passe Navigo avec Kissima et Eddou en accusant un léger retard d’un quart d’heure. Le prof des «Fondamentaux de l’écriture pour le Web, veille, recherche sur Internet présentation des outils 2.0», M. Eric Connehaye, avec lequel j’étais en phase déjà, n’en fait pas cas, ce troisième cours ayant à peine commencé.

Mais le jour suivant, c’est un départ raté de la Résidence Montparnasse avec Kissima qui nous prend une heure et demie avant d’arriver au CFPJ. Dominique est là, sur les marches d’entrée, le visage fermé et sans nous saluer, entonne : «J’ai failli donner l’alerte, ce genre de retard est inadmissible. Vous ne voyez pas que vous êtes en retard !». J’essaie de placer un mot mais elle ne me laisse pas le temps. Je la fixe du regard sans sourciller et dès qu’elle veut reprendre son souffle, je glisse: c’est parce qu’on est en retard qu’on est là.» Elle prend Kissima avec elle pour le conduire à sa salle alors que j’emprunte l’ascenseur pour le 203 où une charmante femme devait nous enseigner ce jour-là pour la première fois.

Très vite, j’emballerai Mila Rivault, c’est elle ma prof du Module «Créer un blog» pour laquelle je garderai encore une estime et un respect réels. Lorsque Dominique viendra pour lui dire deux mots avant la pause, j’insisterai pour qu’elle sache que je me suis racheté auprès de Mila. Toutes deux semblaient avoir convenu, sans doute comme Nabila et Ifrikia que j’étais un «charmeur-hâbleur-provocateur». Et le poème galant, «Le mot et la chose», de l’abbé Gabriel-Charles de Lattaignant (1697-1779) que j’avais, dès nos premiers jours lu, pendant la pause déjeuner, à mes deux collègues femmes en présence de Ben et Eddou, en insistant sur son côté sommet d’esprit, d’humour et de finesse, avait fait mouche tellement les filles n’avaient pas voulu y voir autre chose qu’une dégradation de la valeur de femme. Ben et moi continuons à défendre le poème de l’abbé et tenter de convaincre Ifrikiya et Nabila de le prendre, sinon au sérieux, du moins dans le bon sens.

Le poème qui commence par: «Madame quel est votre mot, Et sur le mot et sur la chose?», et finit par: «Madame, passez-moi le mot… Et je vous passerai la chose !», fera polémique tant et si bien que Ben se fera du «Passez-moi le mot», son leitmotiv qu’il envoie tel un boulet, à chaque fois que l’occasion se présentait. Mila qui restera deux jours fabuleux avec nous, tombera une fois en plein débat sur le poème et sera invitée à trancher. Pour ce faire, je lui en transmis une copie.

Mariée à un algérien, cette journaliste qui écrit pour plus d’un magazine, anime plus d’un blog, pratique et enseigne le yoga. C’est à elle que nous devons nos blogs. Elle nous prévient: on prédit déjà que dans deux (2) ans, le téléphone portable va supplanter l’ordinateur. Or, aujourd’hui 1,8 milliards d’entrée de blog sont recensés par Google et pour avoir une visibilité sur le Net et se faire connaitre comme professionnel ou avoir une image sur le Net, il faut poster au moins deux à trois billets fois par semaine, mettre des gadgets ...
(A suivre …)

dimanche 17 juillet 2011

MA CHRONIQUE PARISIENNE (1ère, 2ème et 3ème Partie)

Par Mohamed Ould Khattatt (mmkhattatt@hotmail.com)


Première partie

Khattatt à Paris, ce n’est pas une première. Mais Khattatt à Paris, pour une formation sur le journalisme Web au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ -international), 35 rue du Louvre, allez savoir ce que cela lui fait comme bonheur. Et pour un mois ! Et en juillet ! En plein défilé du 14 juillet! Et du Tour de France! Ho là, là, que du rêve !

Voilà, entre nous, qui m’a donné l’envie de prendre le risque (eh oui, c’en est un !) d’écrire des papiers de Paris, sur tout ce qui bouge en plein cœur parisien et que je m’en vais intituler, tout simplement: «Chronique parisienne». Mais rassurez-vous, je ne m’arrêterai pas seulement aux faits et gestes du chic boulevard du Montparnasse (6ème arrondissement) où j’habite, «135, Résidence Egide». Ou au trajet du métro de la ligne 4 «Vavin-Les Halles» que j’emprunte pour regagner le CFPJ, «35, rue du Louvre» au 2ème arrondissement en vue de démarrer, chaque jour, de lundi à vendredi, ma longue journée (9H-17H) de formation dite «Multimédias» pour être, en deux mots, journaliste bi-média.

C'est-à-dire, apprendre à me (nous) familiariser avec les outils multimédias du web: les fondamentaux de l’écriture et de l’écriture web, ceux de l’écriture radio et des sons sur Internet (reportages, témoignages, papiers, analyses, sons d’ambiance, diaporamas sonores, photos sonores, interviews, émissions, audioblogs, streaming, podcast, etc.). Non. Cette chronique parisienne s’intéressera aussi aux choses de la vie et aux quartiers périphériques que j’aurais visités, malgré mon emploi du temps bien chargé.

Ainsi, dès notre arrivée à l’aéroport Roissy Charles De Gaule, très tôt le matin du dimanche 3 juillet, mes deux confrères et compatriotes, Kissima de La Tribune et Eddou, d’El Vejr et moi, avons été accueillis par un chauffeur qui affichait mon nom sur une pancarte. Heureux que nous étions d’être si vite tombés entre de «bonnes mains», car la consigne était que nous ne quittons pas l’aéroport sans passer par le bureau Travelex, sis dans l’enceinte du Charles De Gaule pour récupérer nos indispensables bourses avant d’aller à notre lieu d’hébergement, nous nous mettons à dégager une grande chaleur humaine en saluons d’autres mauritaniens venus dans le cadre d’autres bourses du gouvernement français et étaient, comme nous, accueillis par Egide.

Accompagnés par ce chauffeur, nous nous rendons au bureau de Travelex où nous lui remettons, à sa demande, nos passeports, pressés que nous étions de savoir ce qui nous revenait comme pécule et de pouvoir, enfin, nous rendre à notre résidence, prier le Sobh et dormir. Car le sommeil nous guettait plus que la faim, le vol Nouakchott-Paris de presque 6 heures sans escale, nous ayant volé notre nuit. Aussi le souci d’avoir nos sous pour nous organiser avant le lendemain nous mettait-il la pression davantage puisqu’il s’agissait, pour moi au moins, de vite mettre chaque chose à sa place. Mais tout cela restera un vœu pieu, puisque Travelex finira par nous dire que nos dossiers de boursiers ne lui ont pas été transmis pour pouvoir nous payer. Sur ce, le chauffeur nous débarquer au 135, Boulevard du Montparnasse, se suffisant de s’assurer que quelqu’un était là nous pour nous recevoir, d’autres arrivants l’attendant déjà.

Fatigués, sans nos bourses dont on ignorait toujours le montant «net à percevoir» qui nous revient, mes deux compatriotes et moi entrons enfin au nouveau «chez nous». Ce que nous ne savons pas, c’est que l’on n’était pas au bout de nos peines, en poussant la porte d’entrée de la Résidence Egide, 135, boulevard du Montparnasse où nous sommes attendus depuis la veille sinon avant…
(A suivre ...)

Deuxième partie

A l’accueil de la résidence, un homme à la chevelure longue était assis devant un ordinateur et un standard téléphonique. Un stylo à la main et/ou une souris sous la main, un téléphone dans l’autre, il prenait notre sur un carnet.

Visiblement sympathique et très accueillant, il nous dit qu’il nous attendait, que nous sommes les bienvenus et qu’il répondait au nom de Benoit. Mais sans transition aucune, il précise que nos chambres ne sont pas encore faites par la femme de ménage qui viendra d’un moment à l’autre.

Puis, il nous suggère de laisser nos valises dans la conciergerie et de sortir faire un tour à pied ou prendre un café dans la salle de réunion de la résidence. Nous tentons de le convaincre que la fatigue nous en empêche et que nous souhaitons occuper nos chambres pour nous reposer. Il nous propose alors, avec bon cœur, pour ceux qui n’en peuvent plus de se tenir debout, de nous aménager la grande table de la conciergerie de sorte à pouvoir s’allonger dessus et se reposer en attendant que les chambres soient préparées.

Une consœur burundaise, boursière elle aussi, que nous avons laissée quelques instants plus tôt à l’aéroport, se joint à nous pour grossir le rang. C’est Emuline qu’elle se nomme, venue faire de la télé, comme Kissima qui l’aborde le premier à la différence qu’elle a perçu ses sous au Travelex de l’aéroport. Eddou et moi faisons à notre tour sa connaissance avant qu’elle ne commence à insister vouloir sa chambre pour se reposer, épuisée par près de 24h de vol.

Benoit, notre accueillant, tente de nous rassurer en nous disant que nous ne manquerons pas d’avoir nos bourses demain et que tout ira bien. Nous nous résignons alors à aller chercher quelque chose à manger en attendant que nos chambres soient, fin prêtes.

Une première balade sur le boulevard du Montparnasse dans un sens puis dans un autre qui nous fera prendre la droite dès notre sortie en direction de l’imposante Tour Montparnasse. Une paroisse, un parc vert, des toilettes publiques par-ci, deux ou trois cinémas, des cabines téléphoniques, des restos, des toilettes publiques, des bars américains, russes, beaucoup de commerces par-là. Un monde fou va dans tous les sens. Des motards, des automobilistes et des piétons aux visages fermés, sans le moindre sourire, plutôt méfiants voire stressés et pressés de traverser la rue qu’ils s’arrachent tirant des petites valises à roulettes et/ou pédalant à la vitesse de l’éclair leurs deux roues, s’esquivent sur un trottoir devenu plus étroit par ses commerces, ses restaurants, ses parkings souterrains et ses bouches de métro que d’autres, encore plus pressés, montent ou descendent.

Bref, pour en revenir à notre premier jour à Paris, cela ne s’est pas si mal terminé que cela car au retour de notre balade, quelques pains en mains, Benoit nous dit d’abord que nos chambres ne sont toujours pas prêtes et comme nous protestons sans trop lever la voix, il accepte de nous donner des chambres en attendant l’arrivée de l’employée de ménage. Il nous accompagne pour nous les livrer et nous montrer gentiment comment utiliser nos cartes magnétiques d’accès, valables également pour les portes d'entrée-sortie de la Résidence, la clim, la cuisine, le téléphone, etc.

Nous constaterons avec lui que les lits (en vérité des canapés convertibles) sont défaits et qu’il reste à changer, draps, couvre-lits, oreillers, serviettes. Mais, c’est déjà un studio complet par personne. Au premier étage Kissima, chambre N°13, Eddou au 5ème, chambre 52 et moi au 6ème, et avant dernier étage, chambre 63.

Lundi matin, Dominique Dislaire, une ancienne journaliste de télévision, devenue la responsable pédagogique du CFPJ, vient nous chercher à la Résidence pour faire connaissance et nous ramener au CFPJ. Elle s’étonnera de savoir que nous n’avons pas reçu nos bourses et s’empressera de nous expliquer que cela ne concerne pas le CFPJ mais plutôt Egide.

Dans l’après-midi et alors même que nous étions en plein cours sur les fondamentaux du journalisme Web, elle nous fait l’agréable surprise de nous ramener les documents nécessaires pour récupérer nos bourses non loin du CFPJ, plus exactement au bureau Travelex, sis en face de l’Opéra, à deux pas de l’AFP et de la Bourse de Paris.
(A suivre ...)

Troisième partie

Pour avoir été à New York, cette bougeotte parisienne permanente ne m’impressionnera pas outre mesure même si je me poserais la question de savoir si Paris n’était pas en train de vivre à l’américaine: tout le monde est dehors, tout le monde court après le temps pour le rattraper.

Tant et si bien que la vie de famille, synonyme d’équilibre, de complémentarité et de stabilité, semble presque être passée au second plan, voire n’existe presque plus ou n’est plus un souci pour ces milliers d’hommes et de femmes qui se baladent dans toutes les directions. Ceux qui ont encore quelques fractions de secondes pour exprimer un attachement amoureux, un souci pour leur âme sœur le font, bouche dans la bouche, scotchés l'un contre l'autre, sur le trottoir, dans le métro, sur un escalier roulant, au vu et au su de tout un monde qui fait semblant de ne pas les voir et poursuit son chemin. Et si ailleurs, cela offusque, ici cela rentre dans le domaine de la vie privée et ne concerne pas autrui. Sinon, c’est lui qui serait au mauvais endroit et au mauvais moment.

Paris, c’est aussi ce monde hyper connecté dont la vie est réglée à la minute près dans son mouvement incessant de va et vient. Qui à naviguer sur le Net pour retrouver, sur le site de la Ratp, l’itinéraire le plus rapide du bus, du métro, du RER, du tramway, ou un plan de quartier. Qui à envoyer un texto. Qui à régler une facture. Qui à demander à maman de lui pardonner d’avoir fait faux bond. Qui à prendre un RV. Qui à se soucier pour la météo, etc.

Paris est également un melting-pot qui impressionne, cependant, par le métissage longues files devant les pâtisseries, les boulangeries, par ses publics nombreux debout-assis sifflant leurs verres dans une brasserie, par ses couples, femmes-hommes, hommes-femmes, femmes-femmes, hommes-hommes, mangeant leurs plats chez un restaurateur, par ses passants fumant leurs cigarettes sur le trottoir, par ses clients de toutes les couleurs se bousculant en cette période des soldes dans les centres commerciaux des Galeries Lafayette de la tour du Montparnasse, des H&M, et la liste est longue.

Une semaine plus tard, le journal «le Parisien» titre en manchette du mercredi 13 juillet 2011: «Permis de conduire: 10 millions de points retirés en 2010». Cette statistique publiée par le ministère de l’intérieur français dans son rapport portant sur l’année 2010 est une première dans l’histoire du permis à points qui fêtera bientôt ses 20 ans. C’est du jamais vu en France depuis l’instauration, en juillet 1992, du permis à points qui offre aux automobilistes un capital de 12 points. J’en profiterai personnellement, le même jour au CFPJ, pour prendre le sujet comme exercice de «l’écriture bi-média» pour aller demander aux français, dictaphone et micro baladeur en main, ce qu’ils en pensent.

Bien évidemment les automobilistes se défendent en disant que ce retrait de points, «ce n’est pas toujours justifié et que parfois c’est très sévère parce que ce n’est pas du à un comportement de plus en plus dangereux des usagers de la route». Et de pousser le mécontentement jusqu’à déclarer «qu’il y a aussi une politique où on veut faire de l’argent aussi avec les points pour les stages de récupération, (et que) l’Etat a tout à gagner en étant sévère en mettant des restrictions plus lourdes pour les automobilistes alors qu’en final, il n’y a pas de gens qui conduisent plus mal qu’avant ou plus vite».
(A suivre ...)

samedi 16 juillet 2011

France: 10 millions de points retirés sur les permis de conduire en 2010

Dix millions de points retirés, l’année dernière, aux chauffeurs, automobilistes, conducteurs de poids lourds et autres motards français. C’est du jamais vu en France depuis l’instauration, en juillet 1992, du permis à points qui offre aux automobilistes un capital de 12 points.

Cette statistique publiée par le ministère de l’intérieur français dans son rapport portant sur l’année 2010 est une première dans l’histoire du permis à points qui fêtera bientôt ses 20 ans.
Le constat en dit long sur "le relâchement général" et/ou "la réelle détérioration des comportements des automobilistes français" alors que l’objectif du permis à points était de responsabiliser les conducteurs et d’éviter les récidives.

«C’est pour faire du bénéf»
C’est un «petit» excès de vitesse, un coup de fil au volant, un excès d’alcool au volant. Pourtant, au vu de notre micro-trottoir de ce mercredi 13 juillet, bien des automobilistes se défendent et estiment que ce retrait de point une sanction «parfois c’est très sévère». Tel est du moins l’avis de Charles, un automobiliste interrogé rue d’Aboukir: «Moi je trouve que ce n’est pas toujours justifié et que parfois c’est très sévère parce que ce n’est pas du à un comportement de plus en plus dangereux des usagers de la route. Mais je pense qu’il y a aussi une politique où on veut faire de l’argent aussi avec les points pour les stages de récupération, etc. L’Etat a tout à gagner en étant sévère en mettant des restrictions plus lourdes pour les automobilistes alors qu’on final, il n’y a pas de gens qui conduisent plus mal qu’avant ou plus vite. Je pense que c’est pour faire du bénéf. »

«C’est chacun sa merde»
Plus conciliant mais non moins remonté contre le retrait des points, un autre automobiliste, sans permis celui-là et répondant au pseudonyme de «Moun» nous déclare: «Moi, je dirai que c’est chacun sa merde, chacun traverse quand il veut, grille son feu quand il veut. Bon après, il ne faut pas s’étonner qu’il y ait de petits cartons. C’est beaucoup trop de perdre 4 points pour la ceinture de sécurité alors que c’est un oubli, ce n’est pas trop grave et que cela te bouffe la moitié de ton permis alors que c’est une ceinture.»
Mohamed Ould Khattatt

Le permis à points:
1 point pour un excès de vitesse de moins de 20 km/h
3 points pour le non-port de la ceinture de sécurité
4 points pour un refus de priorité à droite
4 points (jusqu’à 6) pour les infractions les plus dangereuses (grand excès de vitesse, alcool au volant …).

Les amendes:

Pour récupérer les points perdus, les usagers de la route peuvent soit, suivre un stage de sensibilisation qui coûte entre 200 et 250 euros leur faisant gagner 4 points une fois tous les deux ans.
De même que l’on peut récupérer automatiquement un point perdu dans un délai de six mois si aucune infraction autre n’a été commise et que trois années sans la moindre amende assortie d’un retrait de point, permet de retrouver l’ensemble des points ses 12 points.

dimanche 10 juillet 2011

Méditons le proverbe turc, «les nuits sont enceintes et nul ne connaît le jour qui naîtra»

S’agit-il d’un phénomène passager ou du début d’une révolte visant à déboulonner des pouvoirs en place depuis plus de 20 ans ? Quoi qu’il en soit, une chose est sûre, en Tunisie et en Algérie, où les émeutes ont été violentes et meurtrières, ce sont les jeunes d’abord qui sont sortis dans les rues pour crier leur profond malaise avant que l’on entende « la mort vaut mieux que Ben Ali », « le troisième mandat de Bouteflika est de trop », etc.

Car, au départ était l’augmentation des prix des produits alimentaires de base mais très vite – et sans doute à cause de la violence des forces de l’ordre qui se sont vues opposer un « nous n’avons pas peur » par les manifestants – l’agitation sociale s’est amplifiée, pour devenir une véritable « intifada » et gagner rapidement différents secteurs socioprofessionnels.

La généralisation et l’accentuation de la crise feront, certes, dénoncer par les manifestants, la corruption à ciel ouvert qui sévit en Tunisie et en Algérie, mais elles révéleront que, comme disait l’autre, « le peuple est peut-être bête mais il connaît parfaitement bien ce qu’il veut ». Or qui veut, peut ! Et les manifestants ne semblent pas vouloir s’en arrêter là puisque les mesures prises ici et là, pour acheter la paix, ne semblent pas convaincre le mouvement contestataire qui veut maintenant plus : la liberté et la démocratie.

De quoi faire peur à d’autres dirigeants voisins, notamment le guide libyen (40 ans au pouvoir) qui vient de supprimer toutes les taxes sur les produits alimentaires, non sans oublier de voler au secours de son ami tunisien en décidant de faciliter la circulation et les activités des Tunisiens en Libye.

Il est vrai que la menace est moins sérieuse pour la Mauritanie où le pouvoir n’est en place que depuis peu, et où la lutte contre la corruption et la gabegie ont été un choix politique dès le départ avec arrestation et emprisonnement d’hommes d’affaires, de ministres.

N’empêche que les troubles sociaux en Tunisie et en Algérie ont inspiré l’opposition mauritanienne qui a haussé le ton et a décidé d’organiser jeudi prochain, une marche pour protester contre les hausses des prix qu’elle placera, a-t-elle dit, sous le slogan: « Halte à la faim ! Halte à la gabegie ».

C’est dire que la crise qui se propage dans le Maghreb est d’abord révélatrice d’un profond malaise né de l’absence de politiques économiques et sociales capables de limiter les impacts néfastes des crises internationales successives qui ajoute à la détérioration continue du pouvoir d’achat, la flambée ininterrompue des prix, le chômage des jeunes, le manque de liberté …

Ce sont également des troubles sociaux qui viennent souligner l’impérieuse nécessité pour les dirigeants maghrébins de prôner des mesures d’ouverture à l’endroit de leurs opposants, mais et surtout d’octroyer aux populations plus de liberté, plus de démocratie. Autrement, ils doivent méditer le proverbe turc qui dit que « les nuits sont enceintes et nul ne connaît le jour qui naîtra ».

Par Mohamed Ould Khattatt (article publié in Zawaya.magharebia.com)

Majorité présidentielle: Les femmes aussi peuvent avoir leur parti!


Décidément la fissure de la majorité présidentielle n’est pas prête d’être colmatée. On connaissait la grogne venue de l’intérieur du plus grand parti de celle-ci, l’UPR (pourquoi à l’UPR rien ne va plus ou presque … paru dans Nouakchott Info n°2188 du 14/03/2011). Puis les rapports de plus en plus distants de l’AJD/MR et de ADIL avec la majorité -pour ne pas dire l’UPR- qui a englouti, sans les ménager, ni les considérer à leur juste valeur, les soutiens, furent-ils partis, mouvances ou initiatives politiques de soutiens au président Aziz. Une perturbation politique qui fait très mal pour l’UPR, obligé de fêter ses deux ans avant l’heure dans un souci de montrer qu’il peut encore rassembler du beau monde mais qui n’empêchera pas le coup de tonnerre politique créé par ces jeunes de la majorité soutenant le président Aziz qui sont en passe de créer un part auquel ils donnent déjà un nom («El-ASR», littéralement: génération) et qui en dit long sur le ‘’conflit politique de nos générations’’, sachant qu’ils prônent un renouvellement de la classe politique pour qu’elle soit à dominante jeune.

Les femmes s’en mêlent ou se démêlent …
Mais là où le bât blesse, c’est quand ce sont les incontrôlables, les incontournables femmes de la majorité présidentielle s’inventent un «Mountada Eddamir-al-haye» (littéralement «Forum de la conscience vive») pour se démarquer de cette majorité dirigée par l’UPR en tant que parti au pouvoir. Jalousie des femmes ? Ou plutôt ont-elles voulu prendre les devant au cas où la majorité présidentielle devenait une coquille vide si elle ne l’est déjà ?
Quoi qu’il en soit, elles ont osé ! S’en mêler et/ou s’en démêler de cette pagaille de la majorité présidentielle, les femmes de la majorité présidentielle y sont allées à leur manière, d’abord en se réunissant entre elles vendredi dernier sous les houlettes des quatre anciennes ministres de la Condition féminine que sont Siniya mint Sidi Haiba et Messaouda Mint Baham pour l’Upr, le parti au pouvoir et Fatimetou Mint Khattri et Zeinabou Mint Nehah pour Adil, ex-opposition, passé à la majorité pour devenir l’enfant terrible). Une série de rencontres qui a connu la participation d’importantes femmes politiques (membres du conseil national, responsables actives au niveau des sections de base du parti UPR, etc.). Mais aussi des rencontres qui allaient dans le sillage de cette intégration «contestée» du parti Adil à la majorité. Un parti Adil qui ne semble pas satisfait de la place qui lui a été réservé au sein de cette majorité avec laquelle ses rapports ne sont pas non plus des tendres, poussant parfois certaines de ces lourdes pointures à déclarer publiquement leur mécontentement, voire geler leurs activités au sein du parti et de la majorité. Mais cela concernait jusque-là les hommes dans le sens large du terme où il s’agit de parler pour tout le monde, hommes et femmes. A la différence de ce qui vient de se passer et se trame encore, car le compartiment de ces rencontres-discussions est, nous dit-on, réservé aux femmes UPR, ADIL et autres de la majorité présidentielle, elles qui se voyant de plus en marginalisées, moins écoutées, craignent, après le limogeage d’un groupe d’entre elles de postes aussi importants que le Ministère des affaires étrangères, l’ambassade de Mauritanie à Paris et le gouvernorat du Brakna, que cela ne soit pas une descente aux enfers avec pour objectif un recul pour de bon de leurs acquis (quota électoral, présence administrative et dans les centres de décision).

L’UPR se rebiffe
Mais du coup, dans ces réunions, le parti Adil qui cherche toujours une relation «équilibrée» avec le parti au Pouvoir, voulait réussir, par ses femmes, ce qu’il n’arrive pas à faire avancer par ses hommes, à savoir amener le Pouvoir à dialoguer avec l’opposition, en adoptant une stratégie de discours moins souple avec le gouvernement. Certes, les femmes de l’UPR ne se sont pas entendues avec les autres, sous prétexte que le discours emprunté par ce rassemblement féminin de la majorité et inspiré par Adil est très tendu, critique voire dangereux. Un discours qui voudrait bien que l’on accepte, au sommet du pouvoir, que l’unité nationale est menacée et qu’il faut pousser le gouvernement à prendre des mesures efficaces destinées à renforcer la cohésion sociale, que les conditions de vie des populations ne cessent de se détériorer à cause des hausses des prix et qu’il faut augmenter les salaires pour que le pouvoir d’achat du citoyen puisse lui permettre de tenir le coup, que la réforme du système éducatif doit être prise au sérieux pour répondre aux exigences du développement, de la modernisation de la société et de la protection des valeurs nationales, que l’administration et ses nominations doivent être dépolitisées, que des opportunités d’emploi pour les doivent être créées. De même qu’il faut mettre en place les conditions pour un dialogue franc et sincère avec tous les acteurs politiques en avançant des propositions concrètes pour aboutir à des solutions consensuelles sur les problèmes politiques, économiques et sociaux du pays.
En somme, un discours que tout le monde connaît mais qui ne passe pas et met en échec plusieurs semaines de rencontres-discussions. Comme ce fut le cas pour ceux des soutiens du président de la république qui croient en lui et en son projet de société, cadres compétents et jeunes ambitieux pour leur pays voulant changer les choses de l’intérieur-même de l’UPR, avaient fini par être tenus éloignés, les femmes du «Mountada Eddamir-al-haye» («Forum de la conscience vive») ont échoué.  Et comme les jeunes qui ont été poussés vers la création d’un parti, ces fonceuses et battantes de la majorité ont décidé de se constituer en «Mountada Eddamir-al-haye» («Forum de la conscience vive») ouvert à toutes les femmes sans exception.
Dans une déclaration rendue publique samedi dernier, elles lancent un appel à la majorité, dans toute sa diversité pour assumer ses responsabilités dans cette conjoncture sensible de l’histoire du pays et pour que sa voix s’élève comme un acteur sage, actif et soucieux de l’intérêt national.
Reste à savoir, jusqu’où ira la majorité présidentielle dans ce ressemble à une désintégration certaine?
Mohamed Ould Khattatt (article publié le 23 mai 2011 in Nouakckott Info)

vendredi 8 juillet 2011

Pourquoi à l'UPR, rien ne va plus ou presque ?

«Les prochains scrutins électoraux sont des rendez-vous essentiels pour le plus grand parti politique de Mauritanie. Notre parti se doit d’envoyer les meilleurs à l’Assemblée Nationale et dans les mairies des grandes villes», disait un membre de la commission politique de l’UPR en octobre dernier alors que le parti se préparait à dépêcher des missions à l’intérieur en prévision des législatives et des municipales de novembre prochain.

Facile à dire, difficile, très, très difficile à faire. Et pour cause ! L’on suivra par la suite, en décembre dernier, les moments difficiles et les difficultés énormes qu’avait vécus l’UPR pour remobiliser ses militants et sympathisants afin de célébrer la fin de la Gazra à Nouadhibou, où cette éclatante réalisation du président Mohamed Ould Abdel Aziz aurait pu donner à son parti un souffle nouveau et gommer la mauvaise réputation de vouloir «restituer les pratiques rétrogrades de l’ex PRDS» que nombre de stéphanois lui prêtent déjà Une réalisation qui s’ajoute au capital de confiance dont jouit le président Aziz mais que l’UPR n’a pas su mettre à profit comme bien d’autres de ses acquis.

Puis il y aura, en janvier 2011, le ras-le-bol des jeunes cadres du parti au Guidimakha où les déceptions ne faisaient que se multiplier encore en février dernier, pour dénoncer «l’interférence des politiques dans les affaires des populations».

Et comme un malheur ne vient jamais seul, il ne se passe pas une semaine, à Nouakchott, sans qu’une bagarre n’éclate entre «responsables» de l’UPR qui s’exprimant qui dans la presse, qui dans les réunions, qui de manière passive en évitant d’œuvrer pour le parti voire de s’y rendre tout simplement. Pire, on ne cesse de parler d’un UPR qui «se bouffe le nez» avec «des cadres compétents qui croient au projet de société du Président Mohamed Ould Abdel Aziz mais qui sont «ligotés» et mis en quarantaine par les «caïmans» qui font tout pour tenir éloigné le Président de la République de ses premiers soutiens.

Ainsi, lors de la réunion tenue dans la salle de projection du cinéma Galaxy, la plupart des intervenants indexeront le clan du premier vice-président Mohamed Yahya Ould Horma. Aux dernières nouvelles, le parti ADIL qui, en intégrant la Coalition des Partis de la Majorité (CPM) cherchait une relation, disait-il «équilibrée» avec le parti au Pouvoir, aurait décidé de geler ses rapports avec l’UPR.

L’ADJ/MR qui n’a pas été invité au festival des villes anciennes, à Chinguitti où tous les partis de la majorité présidentielle étaient représentés, semble également prendre ses distances avec cette coalition parce qu’elle est sous la botte de l’UPR.

L’UPR malade de son rang?
Comme quoi, non seulement le parti au pouvoir, ou le parti du président comme aiment à le présenter d’autres n’a pas réussi à décoller mais il devient un frein et un obstacle à l’élargissement de la majorité présidentielle et partant de la communauté des électeurs. Or, personne ne peut gouverner sans une formation politique sachant que, jouant un rôle de soutien et de médiatisation des relations entre les citoyens et la politique, le parti politique constitue «un apport indéniable à la démocratie».

Voilà pourquoi, au départ, soutenu dans son Mouvement de rectification par des élus et surtout par des initiatives privées, Mohamed Ould Abdel Aziz n’hésita pas à démissionner de sa fonction de président du Haut Conseil d’Etat pour créer un parti politique, participer, au nom de la majorité, aux négociations de Dakar et se porter candidat à l’élection présidentielle du 6 juin 2009. C’est ainsi que l’Union Pour la République (UPR), déjà en conception avancée, est créé le 5 mai 2009 pour l’élire à sa tête, président avant de le porter à cette présidentielle (reportée au 18 juillet 2009) qu’il remporte au premier tour.

Elu à la magistrature suprême, le président Ould Abdel Aziz démissionne alors de l’UPR le 2 août pour se conformer à la Constitution qui interdit le cumul de cette fonction avec celui président d’une formation politique et choisit un dirigeant pour le parti autour duquel un consensus semblait acquis.

L’homme réussit d’ailleurs à établir des ponts avec tout le monde et arrivait, tant bien que mal à avoir ce qu’il voulait de tous les groupes (parlementaires, initiatives, partis politiques, etc.). La mise en place d’une commission provisoire déclenchera bien des remous car elle ne convenait pas à tous parce qu’elle éliminait beaucoup de ces initiatives privées qui avaient farouchement soutenu et soutenaient toujours le président Aziz lequel finira par avouer que «des choix étaient objectifs et d’autres subjectifs».

Un premier congrès de toutes les surprises
Passée cette première secousse, une autre suivra quand commence les campagnes de sensibilisation et de mise en place des structures régionales alors que le parti ne faisait que commencer ses guéguerres intestines.

C’est la tenue du premier congrès qui fera l’effet de la goutte qui a fait déborder le vase, avec l’apparition d’un groupe dirigé par un chef qui n’avait pas fait partie de la fronde des parlementaires et qui n’avait jamais existé politiquement, si ce n’est qu’il était membre d’une tendance du Prds régulièrement battu aux municipales par Ould Moctar Salem dit Elken (l’ex-maire de Teyarett), ou qu’il avait été dans les rangs de la section du parti Baath (mouvement nationaliste arabe) en Mauritanie.

L’homme en question n’était autre que Mohamed Yahya Ould Horma, un douanier qui gravit les échelons jusqu’à être directeur général adjoint des Douanes puis directeur général des Impôts et que les mauritaniens découvriront, à la surprise générale, menant les négociations de l’Accord de Dakar en remplacement d’un Sid’Ahmed Ould Raiss pourtant plus diplomate et moins agressif.

Cette soudaine apparition au premier congrès de l’UPR allait tout changer pour cet homme que rien ne prédestinait vraiment à diriger un tel parti au pouvoir. Au fait, une commission de désignation des membres du Conseil National du parti sera constituée et comprenant outre le président du parti, Mohamed Yahya Ould Horma, Cheyakh Ould Ely (un autre baathiste), Me Aly Ould Mohamed Salem, et à quelque distance Mrabih Ould El Weli, Yahya Ould Abdel Ghahar, etc.)

Et comme il y avait beaucoup de nouveaux arrivants cooptés de l’opposition et qu’il fallait leur faire de la place, les couteaux furent taillés et la plupart des personnalités susceptibles d’être un obstacle pour le groupe, et en particulier celles des initiatives ayant constitué les premiers soutiens du président Aziz, seront éloignées du Conseil National.

Un sort que l’on fera subir, au sein du Bureau Exécutif, aux élus qui avaient apporté leur soutien au président Aziz (Sidi Mohamed Ould Maham, Mohamed Yahya Ould Kherchi, Bouya Ahmed Ould Chriv, Jemal Ould Yedali, etc.), comme pour s’accaparer les pouvoirs de cette instance en plus du rôle des conseillers.

Une mainmise sur l’UPR dont les conséquences premières seront que les instances du parti sont désormais constituées de gens peu connus et ne pouvant entamer des actions politiques (les activités des structures régionales du parti ne sont-elles pas réduites parce que sans moyens).

Tant et si bien que rien ne va plus à l’UPR ou presque et semble de plus en plus incapable d’apporter un «apport indéniable à la démocratie» et de jouer son rôle de soutien et de médiatisation des relations entre les citoyens et la politique, nombre de groupes le constituant commençant à s’entretuer pour exister, alors que la plupart des vrais soutiens du président Aziz préférant se tenir en dehors de ce qui se passe.

L’UPR navigue-t-il à contre courant?

Mais là où tout sonnait faux entre l’UPR et le président Aziz c’est lorsque ce dernier prenait le contrepied des déclarations des responsables de sa formations au sujet de l’opposition et/ou de l’amorce d’un dialogue. A telles enseignes que quelqu’un se demandera si «l’UPR était en phase avec Ould Abdel Aziz ou l’inverse?»

L’on se souvient en effet que malgré l’invitation au dialogue prônée par le Président de la république, expression faite à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance nationale («Nous exprimons, ici, notre entière disposition à engager un dialogue franc avec les partis de l’opposition, que nous invitons à participer de manière engagée à l’œuvre de construction nationale dans l’intérêt supérieur de la nation et pour la garantie d’un avenir radieux à notre peuple»), les déclaration des dirigeants de l’UPR, notamment les interviews et les interventions de son vice-président Mohamed Yahya Ould Horma dans les meetings, rompent avec la pratique politique, comme s’il ne cherche pas à apaiser le climat ou s’il manquait de style honorable pour communiquer avec ses adversaire politiques qu’il traitera de «résidus des régimes de la gabegie».

Car ce comportement qui donnait à chaque fois lieu à des critiques virulentes proférées par l’UPR à l’encontre de l’opposition, finira par agacer et une première réponse viendra du RFD qui dira: «le communiqué de l’UPR ne diffère pas des déclarations du sioniste Nétanyahou sinon que ce dernier est plus poli et plus sage. (…) «Celui qui lit leurs déclarations constate qu’ils sont stupides et lâches et arriérés et ne peuvent pas comprendre que l’Histoire ne pardonne pas et anéantit tous ceux qui s’opposent à elle.»

Pourtant le président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui devra bien méditer le «Dieu préserve-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge», s’est une fois démarqué des déclarations des responsables de l’UPR quand il disait que l’opposition n’avait pas du tout tort de se prononcer sur les affaires du pays et faisait un travail constructif. Mais rien de plus et bien évidemment, nombre de responsables du parti au pouvoir ne l’entendent pas de la même oreille.

Certes, l’UPR a englouti, sans les ménager, ni les considérer à leur juste valeur, les soutiens, furent-ils partis ou mouvances ou initiatives politiques. Mais, à neuf (9) mois tout rond des prochaines élections municipales et législatives, les douleurs de la grossesse commencent déjà à se faire sentir et ces soutiens mis à mal risquent de se constituer en défense pour avoir une place au soleil en dehors du parti au pouvoir.

Une perturbation du climat politique qui frappera de plein fouet l’UPR, lequel, ne l’oublions pas «se doit d’envoyer les meilleurs à l’Assemblée Nationale et dans les mairies des grandes villes».

Aux yeux de nombre des jeunes et des cadres du parti, il revient aujourd’hui au président du parti qui jouit toujours de la même aura et du même consensus, de procéder rapidement à l’organisation d’un débat franc et constructif qui conduira à l’intégration de ces cadres dans les instances dirigeantes. Ce qui réduira le fossé qui se creuse de plus en plus chaque jour que Dieu fait, entre les uns et les autres. De même qu’il urge de s’ouvrir à l’opposition pour aider à l’instauration d’un véritable dialogue.

Mohamed Ould Khattatt (article publié in Nouakchott Info)