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mercredi 27 juillet 2011

MA CHRONIQUE PARISIENNE (8ème Partie)

Par Mohamed Ould Khattatt (mmkhattatt@hotmail.com)
8ème Partie
Mon flop, quant à lui, me tombera sur la tête quatre jours plus tard, plus exactement au deuxième cours de Marianne Rigaux, notre prof de diaporama sonore. Non seulement, notre jeune professeur de 25 ans, nous séduira tout de suite le premier jour en nous disant que le diapo sonore est le bon moyen d’accompagner un texte, mais qu’il est considéré comme plus fin et plus artistique qu’une vidéo (un texte, un bout de son, un texte, un diapo ...).

Et comme j’étais impressionné par ce que nous apprenons sur la photo (paramètres de vitesse et d’ouverture définissant la photo, paysage, portrait, plan en pied, en taille, coupé sous la poitrine, sous le menton, plan serré, très serré), j’avais hâte d’aller sur le terrain prendre des images.

Tout s’était tellement bien passé ce premier jour, que j’étais déterminé à faire mieux la prochaine fois. J’avais oublié le vieil adage : «ce n’est pas toujours dimanche». La prof nous remet Edirol et appareil photo pour faire des reportages individuels dans des lieux au choix. Je demande à faire le reportage le plus difficile, celui de la place des Halles.

L’exercice consistait à prendre des photos sur divers plans de la place des Halles et de trouver quelqu’un qui fasse un commentaire sur le lieu et les raisons de sa fréquentation du lieu. Je tombe d’abord sur un indonésien en train de manger un sandwich. Il accepte volontiers de me servir de cobaye et même de me laisser le photographier en mangeant et buvant.

Le malheur était que l’enregistrement de sa voix ne me réussit pas. Alors, je déniche un agent de la Mairie de Paris qui m’explique tout sur la place des Halles mais refuse de se faire enregistrer la voix et d’être photographié. Ce qui est synonyme de temps perdu, les informations ne pouvant être utilisées pour le diapo du reportage. Je me rabattrais sur un visiteur venu prendre du plaisir en lisant un livre. Il accepte de me donner sa voix. J’enregistre et m’en vais tout heureux d’avoir un son à coller aux images.

Je rentre au CFPJ aux alentours de 14H. La prof était là. Elle m’encourage à commencer par «Audacity» pour exporter le son avant de choisir les 15 images qui présentent le mieux la place des Halles. Plus d’heure après mon arrivée, j’avais bien de la peine à «mettre au propre» la voix de mon seul interviewé dont l’élément ne doit pas dépasser 1mn30. J’en sors moins d’une minute de son et appelle Marianne pour valider. Elle écoute religieusement le son fini, puis l’original. Sans m’adresser la parole, elle demande à Nabila de venir écouter le bout de son que j’ai réalisé. Nabila me dit que ma voix est dans l’enregistrement avec celle de l’interviewé. C’est ce qu’attendait la prof pour se défouler sur moi. «Tu ne le laisses même pas parler. On entend que toi …».

Tombé des nus, je demande quoi faire. Elle me suggère d’écrire un court texte sur la place des Halles que je connais désormais bien et de m’enregistrer pour en faire le bout de son. «C’est la seule solution. Ce n’est pas ce que j’ai demandé mais c’est un style tout à fait bon et qui se fait très souvent pour le diaporama sonore. Sinon c’est raté.» Je résiste à la charge et dis: «je repars sur la place des Halles faire de la voix avec quelqu’un d’autre». «On a encore une heure avant la descente et si tu vas y aller, ce sera limite, limite.» Je prends mon Edirol et retourne la place des Halles où je déniche un cinéaste qui lit un livre, puis trois visiteurs (deux hommes et une femme). Tous me donnent du son et je rebrousse chemin en écoutant les conversations.

Quelqu’un crie «Monsieur Khattatt ! Monsieur Khattatt !» Je lève la tête. C’est Dominique Dislaire, la responsable pédagogique du CFPJ, arborant des grosses lunettes rouges et esquissant un beau sourire. Je ne peux m’empêcher de, rapidement, remarquer sa beauté, mais ne le lui dis pas préférant faire le martyr et chercher une consolation bien qu’elle soit ce jour-là en vacances. Je me plains: «Je suis en reportage pour la deuxième fois de la journée. Marianne m’a tiré les oreilles pour un enregistrement-son raté.» Elle rit et mord à l’hameçon: «Oui, mais tu apprends ! C’est bien. Je serai parmi vous demain.»

De retour au CFPJ, Marianne se met à la tâche avec moi pour faire l’Audacity, me félicite pour la qualité du nouveau son. Puis je fais le tri de mes photos, le diapo sonore et la boucle est enfin bouclée.
(A suivre …)

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