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dimanche 1 janvier 2012

POTINS POLITIQUES

Par Mohamed Ould Khattatt

Printemps arabe et UMA: Ces islamistes qui, désormais, gouvernent …

Dans un article publié par le journal «Le Monde» en date du 16 décembre courant, sous le titre «Les islamistes au défi du pouvoir» (lire P.5), l’on pouvait lire: «Les élections égyptiennes, marocaines et tunisiennes l’ont confirmé en moins de deux mois: l’islamisme politique est à cette étape le grand bénéficiaire des "printemps arabes".» Ce qui est incontestable même si, dans chacun des pays où les islamistes ont accédé au pouvoir en dirigeant déjà les gouvernements grâce à leurs résultats électoraux, les choses se sont passées d’une manière différente, l’islamisme politique, ici ou là, ne répondant pas aux mêmes règles de jeu.

Bien évidemment Hamadi Jebali, du parti tunisien Ennahda, n’est pas Essam Al-Arian, figure de la confrérie des Frères musulmans égyptiens et Abdelilah Benkirane, le secrétaire général du PJD marocain n’est ni l’un ni l’autre.
Pourtant la solidarité est fort affichée entre tous comme si ce seront à l’avenir les mêmes modes de gouvernement qui seront établis dans un pays comme dans l’autre.

D’ailleurs, Gilles Paris, l’auteur de l’article en question ne s’empêchera pas de conclure en se posant bien des interrogations: «Le bilan de ces expériences ne pourra certainement pas être dressé en toute connaissance de cause avant longtemps. Mais il y a tout lieu de croire que les victoires électorales sont le prélude à de douloureuses remises en cause. Comment s’accommoder du pluralisme ? Que faire de la liberté de conscience, des minorités ? C’est à l’aune de leurs réponses que les nouveaux pouvoirs pourront être jugés.»

Voilà peut-être pourquoi, à peine élu, le président tunisien, Moncef Marzouki dont le Premier ministre n’est autre que le numéro 2 du parti islamiste Ennahda, a tenu à ce que son premier contact avec un chef d’Etat étranger, soit avec le souverain marocain Mohammed VI. Une décision porteuse de bien des significations et des messages, sachant que Moncef Marzouki est considéré, non seulement comme un militant démocrate et moderniste mais et surtout une des icônes du Printemps arabe qui a laissé son empreinte intellectuelle et politique sur la révolution tunisienne.

Et comme le nouveau président tunisien sait que le Maroc a une longue tradition dans la démocratie, (le royaume a banni le parti unique depuis l’Indépendance pour laisser place au multipartisme), et s’est imposé comme un modèle notamment en matière de coexistence avec les Islamistes (le Roi a toléré les partis islamistes au moment où ils étaient interdits dans les pays arabes), alors que lui-même Moncef Marzouki et sa tendance politique sont dans une posture de coexistence et de collaboration avec Ennahda, il fallait entamer sa présidence par un geste fort: reconnaître et renforcer le rôle central du Maroc dans le monde arabe post-révolutions. Voire concéder, sur le plan géopolitique, au Maroc, la place de leader, ne serait-ce que symbolique, de ce groupe Tunisie-Lybie-Egypte où les islamistes ont enfin pu «convertir en pourcentages et en sièges» des décennies de lutte opiniâtre.

Cela d’autant plus que le Roi du Maroc a accepté d’enterrer «la monarchie exécutive», sans coup de feu ni soulèvements des masses mais avec une réforme constitutionnelle qui consacre le suffrage universel comme unique source de pouvoir et de légitimité de celui-ci et garde au roi son rôle d’incarnation de la nation et de chef religieux. Une exception marocaine qui, du coup, propose un vrai modèle car, ici, le Roi a su élargir les champs de libertés, renforcer les institutions et respecter les résultats du suffrage universel.

C’est dire que les deux chefs d’Etats auront beaucoup d’intérêt à échanger leurs expériences, se congratuler et s’afficher à l’aise dans cette nouvelle situation de bouleversement géopolitique qui n’est pas de nature à plaire à d’autres pays de l’Union du Maghreb, dont déjà trois pays sur cinq (Libye, Maroc Tunisie) sont gouvernés par des islamistes.
Mohamed Ould Khattatt

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