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lundi 24 octobre 2011

RAPT DE COOPERANTS EUROPEENS AU SAHARA

Par Mohamed Ould Khattatt
Enlèvement de coopérants européens dans l’Ouest algérien: Aqmi s’invite aux camps de Tindouf


Cette fois, Aqmi aura frappé là où elle était le moins attendu, en enlevant deux coopérants espagnols et un italien pendant la nuit de samedi à dimanche en plein camps de réfugiés sahraouis, près de Tindouf, aux confins du territoire algérien. Selon les médias espagnols, les coopérants enlevés sont Ainhoa Fernandez de Rincon, originaire d’Extrémadure, dans le sud-ouest de l’Espagne et membre de l’Association des Amis du Peuple sahraoui d’Extrémadure, et Enric Gonyalons, originaire de Majorque aux Baléares, membre de l’Association Mundabat. a troisième est l'Italienne RossellaUrru, selon le communiqué du Front Polisario.

Pourtant, depuis 1998, prises d’otages et attentats rythment la sinistre expansion de l’organisation terroriste Al-Qaïda sur le continent africain sans jamais en arriver aux camps des réfugiés sahraouis, la carte délimitant la zone d’activité directe d’Aqmi dans le Sahel épargnant les sahraouis des camps de Tindouf, très surveillés par les services de sécurité algériens.

Après la Mauritanie, Tindouf
C’est donc une nouveauté qui ne sera pas sans répercussions directes sur le Polisario, dont d’anciens combattants sont accusés de dérive vers le grand banditisme.

Et comme l’enlèvement en Mauritanie en novembre 2009 de trois humanitaires espagnols avait fini par se négocier avec la libération d’un certain Omar Sid’Ahmed Ould Hamma, dit «Omar Sahraoui» et qu’en mai dernier, des affrontements avaient opposé «un réseau de trafiquants maliens à un réseau de trafiquants sahraouis appuyés par des éléments d’Aqmi dont l’un, arrêté, est entre la vie et la mort», le rapprochement ne manquera pas d’être fait: le commanditaire du rapt étant le même (Moktar Bel Moktar alias Belewar, un chef algérien d’AQMI), les victimes étant des coopérants européens dont un responsable d’une ONG espagnole et les ravisseurs semblant connaître parfaitement le terrain pour y venir réussir leur opération et repartir comme si de rien n’était.

«Les ravisseurs, infiltrés à partir du territoire malien, ont attaqué le siège de réception des étrangers dans les camps de réfugiés à l'ouest de Tindouf, utilisant une voiture tout-terrain et des armes à feu (et) les terroristes ont repris le même chemin par lequel ils sont venus avec les otages», aura-t-on appris.

Un peu comme si Aqmi voulait dire aux pays du Sahel et à l’Algérie en particulier où se trouve, depuis un an et demi, un Comité d’Etat-major opérationnel conjoint (CEMOC) entre Algériens, Mauritaniens, Maliens et Nigériens, basé à Tamanrasset, dans le sud de l’Algérie, qu’elle pouvait se promener sans crainte de long en large dans le territoire algérien, allant jusqu’aux camps des réfugiés sahraouis de Tindouf, exactement comme elle le faisait en Mauritanie en passant par le Mali et/ou le Niger.

Cela est d’autant plus vrai qu’essuyant plusieurs échecs face à l’armée mauritanienne en collaboration avec sa voisine malienne (le dernier échec étant la destruction par deux fois de la base de Wagadou et la mort de plusieurs de ses combattants de premier rang), Aqmi semble chercher à faire un contrecoup en s’investissant le plus en Algérie (attaque de l’académie de Cherchell, prise d’otages à Tindouf, etc.).

Un contrecoup
Bien évidemment, le Front Polisario s’est empressé d’accuser Aqmi d’être responsable de l’enlèvement des trois coopérants européens mais il restera à l’Algérie de comprendre comment cela a-t-il pu se passer ainsi, elle dont le territoire a servi de terrain d’action, sachant que ce pays tient le leadership de la lutte contre Aqmi alors que cet enlèvement repose la problématique de la sécurité au Sahel et survient au moment où des rumeurs persistantes continuent de circuler faisant état de la récupération, par des combattants d’AQMI d’armes lourdes utilisées en Libye, sans oublier le retour de milliers de travailleurs migrants, de mercenaires dans une région déjà otage du terrorisme et de la contrebande.

Comme quoi, c’est à un véritable défi sécuritaire que font désormais face l’ensemble des pays du Sahel qui se doivent de prendre conscience collectivement des divers risques potentiels dans la région.
Mohamed Ould Khattatt

Les émirs d’Aqmi:
Parmi les chefs de l'Aqmi, on retrouve des terroristes qui s'étaient déjà distingués au sein de son ancêtre, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC).

Abdelmalek Droukdel
Né en 1970 près d’Alger, ingénieur de formation, Abou Moussab Abdel¬wadoud – son nom de guerre – est un ancien des GIA. Artisan de l’allégeance du GSPC à Ben Laden, il fait figure d’émir en chef d’Aqmi.

Abdelhamid Abou Zeid
Algérien, la cinquantaine, l'ancien lieutenant d'Abderrazak el-Para (numéro deux du GSPC), règne sur une katiba réputée féroce. Il a néanmoins accepté la libération de Pierre Camatte, moyennant l'élargissement de quatre combattants.

Mokhtar Belmokhtar
Né à Ghardaïa (Algérie) en 1972, «le Borgne» est l'ancien émir du GSPC pour la zone Sahara-Sahel. Marié à une Touarègue, il est plus enclin à la négociation que son rival Abou Zeid. C'est toutefois lui qui a commandité l'attaque de Lemgheity en 2005.

Abdelkrim
Surnommé Taleb, cet ancien imam de Khalil (Mali), serait le dernier né des chefs d'Aqmi. Touareg, de nationalité malienne, il est l'un des rares émirs non algériens. Il règne sur un groupe de 60 hommes.

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