Par Mohamed Ould Khattatt
Evénements de Maghama: Le recensement est certes une nécessité, mais la cohésion en est une autre plus indispensable
Pour la première fois depuis le début des manifestations du mouvement «Touche pas ma nationalité» revendiquant «l’arrêt du recensement en cours, jugé «raciste et discriminatoire» par une frange de la population, un homme a été tué par balle et plusieurs personnes ont été blessées, hier mardi à Maghama dans le sud du pays.
Des manifestations à Maghama qui prenaient le relais des protestations contre ce recensement qui s’étaient déroulées sur trois jours à Kaédi (de samedi à lundi), marquées par des échauffourées entre manifestants et policiers, le saccage et le pillage d’édifices publics et de commerces, mais, fort heureusement, sans dégâts corporels.
D’où la gravité de ce qui vient de se passer à Maghama, car c’est bien pour la première fois qu’un manifestant laisse la vie dans une telle situation. Ce qui est un précédent dangereux que cela soit une erreur de manipulation d’armes, une légitime défense ou autre chose.
Surtout que «les autorités ont promis de libérer le même jour (mardi 27/09/11, ndlr) dans l’après-midi, la trentaine de détenus arrêtés durant les évènements des trois derniers jours de Kaédi». Ce qui avaient, d’ailleurs incité les manifestants à marquer une trêve».
C’est dire que les évènements de Maghama sont véritablement mal venus et très regrettables. Certes, il est encore difficile de se faire une idée, tellement les informations qui viennent au compte goutte sont confuses, même si, selon des sources sur place, les manifestants avaient commencé par incendier les bureaux de l’Etat Civil «chargés du recensement» et objet de toute la colère, avant de «marcher sur les locaux de la brigade de la Gendarmerie de la ville dont les éléments, en petit nombre, se sont sentis menacés et ont tiré en l’air, puis sur la foule».
Mais une source sécuritaire que nous avons contactée réfute cette version en mettant tout cela sur le compte d’une erreur de manipulation d’arme. Une chose est sûre, les violences ont fait plusieurs blessés, selon des sources hospitalières qui n’étaient pas en mesure de préciser leur nombre.
Nous dirons même un peu plus: ce qui s’est réellement passé ne sera pas connu de sitôt. Mais là n’est pas le plus important. Le plus urgent serait que tout le monde prenne le temps de réfléchir pour éviter toute dérive dangereuse pour l’unité du pays.
Les autorités du pays doivent réagir le plus rapidement pour éviter les incompréhensions. Il est clair pour tout le monde que le recensement lancé en mai dernier ne convient pas à un pan entier et important de la population et, pour cela, il convient de prendre en considération une telle contestation, qui est somme toute compréhensible.
La Mauritanie mérite bien plus que cela et la paix et la quiétude sont des biens trop précieux.
Le limogeage du Directeur Régionale de la Sûreté du Grogol est sans aucun doute un geste d’assouplissement de la part Pouvoir qui dénote de leur volonté de calmer le jeu et de vouloir acheter la paix sociale. Mais, ne dit-on pas qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Le recensement est certes une nécessité, mais la cohésion en est une autre bien plus indispensable pour la pérennité de notre pays.
Mohamed Ould Khattatt
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