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dimanche 1 janvier 2012

POTINS POLITIQUES

Par Mohamed Ould Khattatt

Vers une recomposition du paysage après l’accord issu du dialogue ?

En Mauritanie, la politique nourrit tout le monde et tout le monde vit de la politique. C’est pourquoi, à chaque fois, le Pouvoir, depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, est resté le «maître» (parce qu’il «peut») du peuple qui en est «l’esclave» (parce qu’il veut). Les hommes politiques donnent l’impression de se battre et de vivre «pour» le Peuple. Ils se dépensent pour leurs intérêts égoistes.

La vérité si je mens ! Même pas pour l’intérêt général de leur parti politique ! Le hic est qu’aujourd’hui encore, le peuple, lui, croit toujours les uns et les autres, comme au premier jour. Et le Pouvoir, comme l’Opposition croit avoir conquis ce Peuple auquel le premier donne un peu et jure de bientôt tout donner et le second de faire mieux s’il le suivait voire de le combler s’il arrivait au pouvoir. Et comme, il est légitimiste et ne peut s’empêcher d’épouser le nouvel homme fort et de croire en lui, parce qu’il a peur de perdre l’espoir, de ne pas avoir d’avenir, le peuple se laisse rêver, même s’il sait avec pertinence que ce n’est qu’une simple rebelote.

Il en fut ainsi avec les grandes réunions du Parti du Peuple Mauritanien (PPM) des années 1970 de feu Moctar Ould Daddah, ensuite lors des embrigadements au sein des Structures d’Education des Masses (SEM) du début jusqu’au milieu des années 1980 de Ould Haidalla, puis le Parti Républicain Démocratique et Social (PRDS) des années 1990-2003 de Ould Taya et sa campagne pour le «kitab» , les «candidatures indépendantes» de l’ère du CMJD qui ont failli tourner au «vote blanc» et la «FKB» de l’éphémère famille Sidioca et sa gestion néo patrimoniale. Avec le pouvoir actuel, on aura gagné un accord, qu’on le veuille ou pas, entre un Pouvoir et son opposition qui a valeur de symbole, malgré ce qui peut lui être reproché.

Le malheur est que les campagnes pour sa vulgarisation risquent de coûter cher au contribuable comme ce fut la cas avec les campagnes des anciens régimes («Construisons ensemble la Mauritanie», «Volontariat», «Savoir pour Tous») qui n’auront abouti à rien ou ont fini en queue de poisson.

Il est vrai qu’il faut restituer au peuple les travaux de ce Dialogue National qui a pris du temps avant de voir le jour et encore un temps fou pendant ses réunions de travail. Et parce que ce travail accompli par les deux pôles, Pouvoir/Opposition mérite d’être largement diffusé, il faut y aller. Mais attention aux opportunistes qui, sautant sur l’occasion, s’imposeront demain qui pour devenir un nouvel homme politique, qui un élu, qui un interlocuteur. Cela est d’autant plus vrai qu’une double campagne électorale est en vue. Certes, plus de candidatures indépendantes. Mais qui sait … Depuis le changement du 3 août 2005 et l’éclatement du PRDS, puis le retournement de vestes des députés, la destitution de Sidioca et l’éclatement du parti ADIL, la classe politique marche yeux bandés vers Dieu sait où et rallie le diable pour rester dans le jeu.

N’a-t-on pu voir des ténors du système politique de Ould Taya tomber dans les bras de l’opposition pour se mettre, subitement et par la force de leurs moyens, à porter son flambeau, puis celui du pouvoir. La politique se fait chez au gré du vent qui, quand il tourne, on tourne avec lui, non sans oublier de copier ce qui était là pour prétendre faire du neuf avec du vieux. Et comme par hasard, bien des coïncidences politiques, avec lesquelles on n’a pas forcément cherché à coïncider, nous tombent du ciel. Ainsi, chacun sait que l’ancien président Sidi Ould Cheikh Abdallahi avait été élu avec 52% et quelques poussières laissant à son concurrent Ahmed Ould Daddah un peu plus de 47%. Euh bien voilà son tombeur et actuel président Mohamed Ould Abdel Aziz qui a réalisé pratiquement le même score (un 52% virgule quelque chose) devant l’opposition (Messaoud Ould Boulkheir en tête) qui récoltera les 47% et quelques miettes. A son arrivée au pouvoir, l’ancien président Ely Ould Mohamed Vall avait tenté de renouveler la classe politique en autorisant une dizaine de partis.

Il n’est un secret pour personne que le président Aziz est favorable -s’il ne la prône pas- à une recomposition du paysage politique, et a donné sa bénédiction aux jeunes qui ont alors créé leur formation politique. Sans doute parce que le changement attendu n’est pas seulement celui des méthodes mais également des figures, puisque ceux qui sont impliqués dans certains comportements sont incapables de s’adapter à certaines méthodes. Tout comme l’opinion publique nationale ne saurait se laisser convaincre de l’avènement du changement que s’il y a un changement des figures.
Mohamed Ould Khattatt

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